L'info du mois
Rénovation des logements : tous sous le maillot France Rénov’
Appelée de ses vœux par la convention citoyenne et les acteurs du conseil en énergie, la création d’un “service public de l’énergie” prend la forme, depuis le 1er janvier 2022, de la nouvelle plateforme internet et téléphonique France Rénov’. Elle permet de fusionner deux réseaux travaillant jusqu’ici en parallèle : les anciens espaces info énergie/Faire de l’Ademe et les opérateurs Anah.
Un bleu et un rouge profonds pour les mots “France” et “Rénov’”, puis un sous-titre qui éclaire sur l’intention de l’administration : “Le service public pour mieux rénover son habitat”. Depuis le 1er janvier 2022, le conseil aux particuliers s’affiche ainsi sous une bannière commune, avec comme portes d’entrées un site internet et un numéro téléphonique unique (0 808 800 700). C’est peut-être l’épilogue d’une longue lutte d’influence au sein de l’administration d’État, et aussi l’évolution naturelle de services de plus en plus convergents. D’un côté, le ministère du Logement et son bras armé qu’est l’Agence nationale d’amélioration de l’habitat (Anah), qui s’est longtemps contentée de distribuer de la subvention aux particuliers pour créer des logements certes décents, mais pas forcément performants d’un point de vue énergétique (avant une première inflexion plus “énergie” il y a dix ans). De l’autre, le ministère de la Transition écologique et l’Ademe, l’Agence de la transition écologique, qui avaient lancé en 2001 son réseau des espaces info énergie, pour pallier justement l’absence de conseils qualitatifs auprès du plus grand nombre et généraliser l’intégration des énergies renouvelables dans l’habitat individuel. Après une première tentative avortée de guichet unique entre les deux réseaux en 2013 – et des changements de nom qui ont davantage perdu les particuliers (“Habiter mieux” pour l’Anah en 2011, “Faire” pour l’Ademe en 2018) –, la marque France Rénov’ apparaît donc comme une initiative marketing cohérente pour baliser le parcours des particuliers vers une rénovation énergétique performante.
450 guichets territoriaux
La stratégie est la même que lors de la tentative de 2013 : création d’un site web et d’un numéro de téléphone uniques, permettant de délivrer les premières informations, tant sur le plan technique que sur les aides financières. Mais cette fois, le pilotage du dispositif est clairement confié à une seule administration : l’Anah. Soulignons ici la mise en avant de l’outil de simulation en ligne des aides financières Simul’Aides, conçu par l’Ademe, qui reste cependant assez vague sur la décomposition des aides publiques en fonction des travaux, avec des montants qui peuvent faire rêver le particulier. Une source potentielle de déception. D’où la forte incitation proposée à l’internaute à consulter ensuite un “conseiller France Rénov’” à proximité, sur l’un des 450 guichets territoriaux, pour valider la simulation en entrant dans les détails des situations. Le numéro de téléphone de ce dernier s’affiche quand on renseigne le code postal du lieu où les travaux sont envisagés. Dans la quasi-totalité des cas, le conseiller au bout du fil sera l’un des 1 080 conseillers de l’ancien réseau Faire de l’Ademe, répartis sur environ 300 sites en France. Les 150 autres sites représentent les délégations départementales Anah et ses opérateurs, qui n’assurent pas ce premier conseil téléphonique. Ils se chargent en revanche de l’accompagnement de “MaPrim’Rénov sérénité”, une aide dédiée aux propriétaires occupants affichant des revenus modestes (jusqu’à 30 % du coût des travaux, plafonné à 50 000 euros, avec obligation d’un gain énergétique de 35 %). L’objectif affiché par l’État est de proposer un guichet par intercommunalité.
Un accompagnateur Rénov’… bientôt obligatoire ?
La véritable nouveauté se situe sans doute ici. Entre le “simple” conseil assuré aujourd’hui et la concrétisation des travaux, qui donne droit à un versement des aides Ma Prim’Rénov, l’administration fait émerger un nouvel acteur : l’accompagnateur Rénov. Visite à domicile, diagnostic, préconisation de travaux, sélection des devis… L’action de cet accompagnateur est calquée sur ce que fait déjà aujourd’hui un opérateur Anah dans le cadre d’une opération programmée d’amélioration de l’habitat. Demain, à travers un décret dont la promulgation est attendue d’ici le printemps, tout chantier portant sur au moins deux postes de travaux, pour un total de plus de 5 000 euros, sera soumis à l’action de cet accompagnateur. En 2022, seuls les opérateurs Anah, quelques ex-guichets “Faire” et architectes seront agréés par l’État pour jouer ce rôle. En 2023, des acteurs privés comme des bureaux d’études thermiques ou des diagnostiqueurs pourront aussi y prétendre, afin de pouvoir répondre à une demande des particuliers qui pourrait de fait devenir exponentielle. À moins que l’obligation d’un diagnostic énergétique et la complexité d’une action plus globale pour un gain énergétique d’au moins 35 % ne renforcent, paradoxalement, l’attrait de la rénovation monogeste. Ainsi, il n’est pas encore garanti que France Rénov’ parvienne à relever les deux principaux défis de la rénovation énergétique : massifier les rénovations performantes basse consommation et simplifier le financement des travaux et l’accès aux aides.