Stratégie
Réseau de chaleur : ces collectivités qui rénovent
Pour agrandir, raccorder davantage de foyers, corriger des défauts, augmenter l’approvisionnement en énergies renouvelables, des territoires font le choix de rénover leur réseau de chaleur. Focus sur les métropoles de Rouen et de Bordeaux.
À Rouen, un réseau plus vertueux
La métropole Rouen Normandie compte huit réseaux de chaleur. Pour l’un d’entre eux, La Petite Bouverie, des travaux de rénovation ont commencé fin 2020. « L’objectif était de rendre ce réseau plus vertueux, en l’alimentant par des sources renouvelables, et aussi d’en profiter pour l’étendre », résume Marie Atinault, vice-présidente aux transitions et innovations écologiques. Pour que cela soit une opération rentable, l’idéal est en effet d’atteindre une masse critique de raccordements en parallèle de la rénovation.
Le mix 100 % gaz (et charbon avant la fermeture de la chaudière en 2017) est ainsi passé à plus de 80 % d’énergies renouvelables, avec l’installation de deux chaufferies bois. « Pour que le projet soit cohérent, il faut qu’il ait un réel impact en termes de bilan carbone. D’où notre choix notamment d’utiliser du bois de Normandie, en majorité bocager, mais aussi de raccorder des bâtiments ayant été rénovés ou se lançant dans une démarche de travaux pour des gains de performance énergétique. Cela faisait partie du cahier des charges lorsque nous avons lancé l’appel à candidatures pour la délégation de service public (DSP) sur ce réseau, qui a ensuite été confiée à Dalkia », poursuit l’élue. Ainsi, à Darnétal, commune voisine de Rouen, un bailleur social a fait le choix de se raccorder au réseau et a donc engagé des gros travaux de rénovation énergétique.
À Bordeaux, gain de 10 points de rendement
À la métropole de Bordeaux, c’est le réseau de chaleur Hauts de Garonne, datant des années 1970, qui a commencé sa mue au printemps et pour cinq ans. Vétuste, il présentait des pertes de chaleur liées à des défauts d’isolation. S’il sera toujours alimenté par l’usine d’incinération de déchets de Cenon, sa rénovation va permettre de gagner 10 points de rendement. « Deux enjeux étaient par ailleurs primordiaux : éviter au maximum la gêne sur la voirie pendant les travaux et limiter les coupures pour les usagers », explique Claudine Bichet, vice-présidente chargée du climat, de la transition énergétique et de la santé. C’est d’ailleurs en partie pour cela qu’Idex/Mixéner a été choisi pour la DSP, puisque proposant des modalités de travaux beaucoup moins invasives, et ce, même si le réseau va être reconstruit en lieu et place pour ne pas laisser un réseau inexploité au sol. Par ailleurs, l’alimentation en chaleur sera bien maintenue, via des flexibles provisoires – qui pourront être réutilisés tout au long du chantier – et non pas des chaufferies mobiles collectives au fioul en pied d’immeubles. Dans les deux cas, les missions de rénovation ont été confiées dans le cadre d’une DSP à un partenaire pour deux raisons : l’expertise particulière et la capacité financière, plus facilement mobilisable par ces groupes spécialisés que par une collectivité.
La Petite Bouverie en chiffres
- 177 GWh de chaleur livrée sur 46 km de réseau pour 17 000 éq. logements, contre 79 GWh avant la rénovation, sur 16 km de réseau.
- 57 000 tonnes de bois énergie par an.
- 27 000 tonnes de CO2 évitées chaque année.
- Investissement : 48 millions d’euros par Dalkia.