Le tour de la question
Réseaux de chaleur bois : Angers Loire Métropole privilégie la gestion publique
La communauté urbaine tient à maîtriser les prix de l’énergie pour les habitants. Elle lance aussi la première SAS en France destinée à construire une chaufferie centrale bois aux côtés d’un acteur privé.
Angers Loire Métropole (270 000 habitants) gère la moitié des huit réseaux de chaleur bois de son territoire, via une délégation de service public. Ce mode de fonctionnement permet à la communauté urbaine de pratiquer une politique tarifaire plus homogène et plus équitable. « Nous acceptons d’avoir dans les bilans des marges beaucoup plus faibles, et cette différence se retrouve automatiquement dans le prix aux abonnés », explique Christian Grelet, directeur énergie de la SPL (société publique locale) Alter Services, qui gère deux des quatre réseaux publics. L’optimisation des charges financières et des prix de vente permet un gain de 5 à 12 % par rapport au privé. Au-delà d’un coût de chauffage atténué, la collectivité entend aussi garantir des tarifs maîtrisés sur le long terme.
Gouvernance facilitée
Cette stratégie est plus facile à mettre en œuvre avec un président de la SPL adjoint au maire d’Angers. Dans le cadre d’un réseau privé, « la collectivité n’ayant pas de gouvernance, elle ne peut pas maîtriser les relations, les prix, les engagements », note Christian Grelet. Enfin, l’intérêt général prime. La SPL peut envisager la stratégie du réseau en prenant en compte l’avenir de la collectivité. « Nous savons qu’à terme, nous allons mailler des réseaux. Nous avons donc prévu les tuyaux pour pouvoir faire ces jonctions alors que nous n’en avons pas besoin maintenant », illustre le directeur énergie de la SPL.
Bonnes pratiques
Lors de la phase de construction, la collectivité demande aux entreprises de faire appel à des personnes en insertion. Et de prendre des contrats en alternance pendant l’exploitation. L’approvisionnement en bois se veut écologiquement responsable. Ainsi pour la chaufferie biomasse de Belle-Beille, mise en service début 2018, le bois provient entièrement d’une zone située dans un rayon de 100 km autour du site. Un comité de suivi associant les habitants du quartier a été mis en place pour suivre l’évolution du chantier et l’exploitation de l’équipement.
Première SAS
Pour aller plus loin, Angers Loire Métropole a créé la première SAS de France (société par actions simplifiée) associant une collectivité à une entreprise privée pour construire une chaufferie centrale biomasse. Fondée en septembre 2018, la Serem (Société des énergies renouvelables de Monplaisir) réunit Angers Loire Métropole à hauteur de 10 %, aux côtés d’Engie Réseaux (65 %) et de la Banque des territoires (25 %). Un statut juridiquement possible depuis la loi de transition énergétique d’août 2015 (article 109). La métropole détient ainsi une minorité de blocage au sein de la Serem.
« Nous ne voudrions pas que les prix d’une chaufferie privée s’envolent par rapport à nos prix sur les chaufferies publiques. Cela nous permet de jouer sur les prix, mais aussi sur d’autres leviers comme la production et la distribution. Et d’avoir une cohérence sur l’ensemble du territoire », souligne Jean-Marc Verchère, adjoint au maire d’Angers et conseiller communautaire.