Décryptage

Réseaux de chaleur : c’est bien, mais peut encore mieux faire !

En France, le cap des mille réseaux de chaleur a été franchi. Le chauffage urbain, en progression, va devoir encore davantage se déployer pour respecter les objectifs de la programmation pluriannuelle de l’énergie.

PAR CLAIRE BAUDIFFIER - FéVRIER 2025
Mille réseaux de chaleur sont en service en France. ©Idex

Mille. Ce chiffre symbolique a été dépassé fin 2023. Mille, c’est le nombre de réseaux de chaleur en service en France. La quantité de chaleur livrée – en majeure partie à des bâtiments résidentiels et tertiaires – s’est ainsi élevée à 26,4 TWh en 2023, soit la consommation d’environ 2,9 millions de logements, selon l’Enquête annuelle des réseaux de chaleur et de froid 2024 présentée par la Fedene (Fédération professionnelle des entreprises de services pour l’énergie et l’environnement) aux Rencontres de la transition énergétique en décembre. Le taux d’énergie renouvelable et de récupération (EnR&R) s’élève à 66,5 %. Il était de 63 % en 2021, et de 40 % en 2013, dix ans plus tôt.

Accélérer le rythme

« Ces données sont très satisfaisantes, dans la mesure où le nombre de réseaux de chaleur a doublé en dix ans, que les énergies fossiles (charbon et fuel) utilisées pour l’approvisionnement ont diminué de 20 % et que le gaz baisse aussi petit à petit, explique Céline Lorrain, vice-présidente de la Fedene. Néanmoins, le taux de pénétration [des réseaux de chaleur pour la couverture des besoins de chaleur, ndlr] reste encore faible (5 %), quand d’autres pays européens, comme le Danemark, sont à 60 %… Cela nous permet d’être optimistes sur le développement possible en France, où nous devons probablement travailler sur des leviers de simplification, notamment juridique et administrative, pour aller plus vite. Si l’on veut parvenir à respecter les objectifs de la PPE 3, à savoir 68 TWh de chaleur livrée par les réseaux de chaleur en 2030, dont 75 % d’EnR&R*, il va falloir accélérer le rythme de progression ! »

Bonne nouvelle, le potentiel est important, via différents gisements : les énergies de récupération (chaleur fatale des industriels, des stations d’épuration, des data centers, qui a l’avantage d’être stable durant l’année), et les énergies renouvelables avec la géothermie profonde et de surface, ou encore le solaire thermique. Il est consultable grâce à plusieurs outils, notamment le schéma directeur réalisé par un collectif Manergy/Via Sèva en coopération avec la Fedene Réseaux de chaleur et de froid, ou sur l’outil en ligne EnRezo du Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement). « Sur la biomasse, première source d’EnR&R pour les réseaux de chaleur, des travaux sont en cours et montrent qu’en coordonnant bien tous ses usages, la ressource sera là : il nous faut donc rassurer et continuer à développer cette ressource, en respectant les équilibres », poursuit Céline Lorrain.

Des réseaux compétitifs

« Ce que l’on observe de plus en plus, c’est l’évolution des réseaux. Avant, ils combinaient une énergie fossile et une renouvelable (souvent biomasse). Désormais, il y a davantage de mix et d’adaptation en fonction du territoire. Plus on colle aux énergies du territoire, plus le projet est cohérent et son acceptabilité est bonne. » Dans tous les cas, la vice-présidente de la Fedene rappelle que pour développer un réseau de chaleur viable, il est nécessaire d’avoir un débouché de chaleur suffisamment concentré, et ainsi de dimensionner un réseau de taille pertinente par rapport à ce contexte local. « Des associations travaillent sur cela avec les collectivités intéressées : voir quel serait le périmètre le plus pertinent en fonction des bâtiments déjà présents ou à venir, une zone d’aménagement concerté qui va s’installer par exemple. Il est capital de concevoir des réseaux compétitifs, sans quoi les élus ne prendront pas de risques. »

En 2022, une autre étude (de l’association Amorce) faisait d’ailleurs état du fait que les réseaux alimentés par plus de 75 % d’EnR&R présentaient le prix de vente moyen le plus bas : 96,3 € HT/MWh, contre 154,8 €/MWh pour ceux à moins de 50 % d’EnR&R. « Tout cela n’est pas forcément connu de tous les élus, d’où l’effort de pédagogie à mener », reprend Céline Lorrain, rappelant que l’État soutient financièrement les réseaux de chaleur mobilisant des productions d’EnR&R, via le Fonds chaleur, et que les certificats d’économies d’énergie peuvent aussi être mobilisés.

* En valeur absolue, c’est 53 TWh d’EnR&R en 2050, contre 19 TWh aujourd’hui.

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