Stratégie
Roannais Agglomération, producteur d’énergies vertes
Roannais Agglomération est propriétaire d’une centrale solaire au sol et d’un parc éolien. Elle fait aussi construire un méthaniseur, investit dans le photovoltaïque sur toiture et étudie la géothermie profonde. Une panoplie d’énergies vertes pour assurer de nouvelles recettes à la collectivité.
« J’ai souhaité que Roannais Agglomération se lance dans la production d’énergies renouvelables. Si les entreprises gagnent de l’argent, pourquoi ne pas investir et exploiter nous-mêmes ? », raconte Yves Nicolin, président de Roannais Agglomération et maire de Roanne depuis 2014. Cet ancien avocat d’affaires devenu chef d’entreprise veut faire rimer écologie et économie. Dotée d’un budget de fonctionnement d’environ 100 millions d’euros, son intercommunalité a investi dans une centrale solaire au sol de 5 MW, et construit un parc éolien de 17 MW. « L’intérêt pour la collectivité est de maîtriser la production d’énergie propre et de trouver d’autres ressources pour avoir plus d’autonomie financière », justifie Yves Nicolin.
Pour passer à l’action, cet établissement public de coopération intercommunale (EPCI) de 40 communes et 100 000 habitants s’est doté d’un outil ad hoc : la société d’économie mixte (SEM) Roannaise des énergies renouvelables, fondée en avril 2017, dont il détient 80 % du capital. Les 20 % restants appartiennent au fonds d’investissement régional Oser, dédié aux énergies renouvelables*.
Retour sur investissement
Premier projet à voir le jour, une centrale solaire au sol de 5 MW implantée à Roanne, injecte de l’électricité sur le réseau depuis le 7 janvier 2021. Montant de l’investissement : 3,9 millions d’euros, financés par Roannais Agglomération à hauteur de 300 000 euros, par OSER (100 000 euros) et par un prêt bancaire de 3,5 millions d’euros sur vingt ans. Bien que vendue sur le marché, la production est rémunérée à un prix fixe pendant vingt ans (68 €/MWh), par le biais d’un contrat de complément de rémunération signé avec EDF Obligation d’achat. Un contrat obtenu car le projet a été lauréat d’un appel d’offres de la Commission de régulation de l’énergie (CRE). « Le temps de retour brut sur investissement est de quatorze ans. Mais comme la centrale réalise 400 000 euros de chiffre d’affaires par an et 80 000 euros de bénéfice, nous aurons récupéré notre mise de départ au bout de cinq ans grâce à l’effet du financement bancaire », précise Dorian Ruini, responsable transition énergétique de Roannais Agglomération.
Deuxième projet, le parc éolien des Noës comprend six turbines totalisant 17 MW. Sa construction a démarré en septembre 2022 pour une mise en service en janvier 2024. Le coût total, estimé initialement à 26 millions d’euros, atteindra finalement 31 millions d’euros en raison de la hausse significative du coût des matières premières et du transport. Grâce aux mesures d’urgence prises par le gouvernement cet été, cette centrale sera autorisée à vendre son électricité sur les marchés pendant 18 mois. Puis elle bénéficiera d’un contrat de complément de rémunération conclu avec EDF Obligation d’achat pour un prix fixe de 74,8 €/MWh pendant vingt ans, dans le cadre du dispositif du guichet ouvert. « C’est de l’argent qui va bénéficier au territoire pour financer les services publics et investir dans d’autres projets d’énergies renouvelables », souligne Dorian Ruini.
Gaz et chaleur renouvelables
Car Roannais Agglomération ne compte pas en rester là. « En juin 2022, nous avons lancé un plan de massification du photovoltaïque. L’objectif est que la SEM porte l’installation des panneaux, moyennant une location des toitures », indique Yves Nicolin. « Nous avons recensé environ 50 projets viables de 36 à 500 kW sur le patrimoine public (mairies, gymnases, écoles, bâtiments administratifs). Pour accélérer la sortie des projets, nous proposons aux communes d’investir sur leur patrimoine et de leur verser un loyer. EDF OA rachète l’électricité pendant vingt ans à 10-11 c€/kWh », détaille Dorian Ruini.
La collectivité s’est également lancée dans la méthanisation. Un méthaniseur devrait valoriser 70 000 tonnes de biodéchets par an à partir de fin 2023. Cette fois, Roannais Agglomération a fait le choix de la délégation de service public (DSP), confiée pour quinze ans à Roanne Bio Énergie, société de projet regroupant Suez, Engie Bioz et BM Environnement. Enfin, l’agglomération réfléchit à la géothermie profonde pour produire de la chaleur et/ou de l’électricité, et peut-être même exploiter du lithium, potentiellement présent sous forme dissoute dans l’eau géothermale puisée dans le sol.
* Oser repose sur un partenariat public/privé entre le Conseil régional d’Auvergne Rhône-Alpes, la Banque des territoires et dix autres acteurs privés du territoire.
Territoire à énergie positive
Labellisée Territoire à énergie positive pour la croissance verte (TEPCV) en 2015, Roannais Agglomération s’est fixé comme objectif une couverture de 50 % de la consommation énergétique du territoire par des énergies renouvelables produites localement à l’horizon 2050 et 25 % d’ici 2030 (Plan climat air énergie territorial 2020-2026), contre 14 % en 2019. Elle a commencé par des opérations visant à réduire la consommation énergétique publique comme privée. Passage en LED de plus de la moitié du parc luminaire de Roanne, achat de véhicules électriques, travaux d’isolation des bâtiments publics, aides à la rénovation des logements sans condition de ressources, subventions à l’achat de vélos à assistance électrique, etc.
Financer un parc éolien
La SAS Parc des vents des Noës est détenue à 10 % par la SEM Roannaise des énergies renouvelables, à 72 % par Roannais Agglomération et à 18 % par Oser. Pour ce parc éolien de 31 millions d’euros, la SAS apporte 15 % de fonds propres, les 85 % restants étant financés par la banque BPI France associée à la Banque populaire et à la Caisse d’épargne. L’agglomération investit ainsi près de 4,65 millions d’euros, principalement sous forme d’avance en compte courant d’associé, qui devra donc lui être remboursée.