Stratégie

S’appuyer sur la solidarité entre territoires

La solidarité entre territoires est indispensable pour monter de grands projets d’énergie renouvelable. Néanmoins, sa mise en œuvre est complexe et nécessite une implication de toutes les parties prenantes.

PAR ARNAUD WYART - FéVRIER 2022
La biomasse, qui n’existe pas en ville, se trouve dans un rayon de 50 km autour de Pau, dans les zones rurales, viticoles et forestières. ©Pau Béarn Pyrénées Energies

Vertueuse, la solidarité entre territoires permet d’accélérer la transition énergétique, en mettant en avant la complémentarité entre des territoires qui n’affichent pas les mêmes besoins ni les mêmes ressources, mais aussi en développant l’économie locale et en créant des emplois non délocalisables.

Complémentarité entre ville et zones rurales

Dans l’agglomération de Pau (Pyrénées-Atlantiques), la Banque des territoires a ainsi financé un projet de réseau de chaleur renouvelable substituant l’équivalent de plus de 100 000 MWh d’énergie fossile auprès des utilisateurs de chauffage. La solidarité, elle, se joue essentiellement au niveau de l’exploitation des gisements énergétiques. « Les besoins sont citadins. Toutefois, la biomasse n’existe pas en ville. On la trouve dans un rayon de 50 km autour de Pau, dans les zones rurales, viticoles et forestières. La première étape a consisté à inclure ces territoires et à mobiliser des gisements de bois énergie. L’opérateur a commencé par faire une étude de gisements, puis il a sensibilisé les propriétaires terriens et les exploitants, dont une partie des arbres restait et se décomposait sur les parcelles après découpe. Finalement, on leur achète du bois qui ne générait aucun revenu auparavant. Pour constituer les quantités suffisantes et assurer l’approvisionnement, nous avons monté un casting avec plusieurs propriétaires et exploitants. En termes d’engagement, ces derniers signent des contrats de deux à trois ans avec des tarifs d’achat intéressants et fixes. Ces contrats sont de courte durée, mais ils sont renouvelables. Sans ces territoires ruraux, il était donc impossible pour le territoire urbain de monter le projet, mais en retour, le développement économique généré par le réseau de chaleur contribue à leur enrichissement. Celui-ci fait également travailler beaucoup de PME locales (installateurs de tuyauteries, sylviculteurs, etc.) », explique Christian Kokocinski, expert investissements en énergies renouvelables à la Banque des territoires.

Associer les acteurs locaux

Complexe à développer, ce type de projet demande beaucoup de temps. La Banque des territoires a ainsi participé au premier comité de pilotage en 2012, mais le réseau de chaleur n’a livré ses premiers MWh qu’en mars 2021. « Les élus doivent d’abord être convaincus qu’un réseau de chaleur renouvelable présente un intérêt financier, écologique, social, etc. Il a fallu du temps pour conduire les études, bâtir un cahier des charges et sélectionner un opérateur. Après la négociation du contrat et le financement complet du projet qui demandent environ six mois, la construction a pu commencer. Celle du réseau de chaleur de Pau n’a duré que trois ans, mais cela reste exceptionnel. Généralement, cette phase est plus longue », précise Christian Kokocinski. En outre, il est nécessaire d’informer parallèlement l’ensemble des utilisateurs locaux et de les inciter à se raccorder au réseau de chaleur via un bureau d’études local qui va démarcher les parties prenantes (maîtres d’œuvre, bailleurs sociaux, centres commerciaux, etc.). « Pour qu’un projet d’infrastructure locale puisse se faire, la mutualisation des différents services est également indispensable. Au sein d’une agglomération par exemple, cela signifie des services financiers en lien avec les services techniques, les élus, etc. Par ailleurs, il faut associer les acteurs locaux (citoyens, entreprises, etc.) et ce, dès le démarrage du projet. À ce titre, nous préconisons une redéfinition des critères de sélection pour les appels à projets. Le premier d’entre eux doit être l’économie circulaire. Sur les territoires concernés, tout le monde doit avoir un intérêt dans le projet (écologique, financier, etc.). On le voit bien avec l’éolien et le photovoltaïque : si quelqu’un est laissé de côté, les projets ne fonctionnent pas », conclut Christian Kokocinski.

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.

Ces cookies sont définis par le biais de notre site par nos partenaires publicitaires.

Nous utilisons Google Tag Manager pour surveiller notre trafic et nous aider à tester les nouvelles fonctionnalités.
  • gtag

Refuser tous les services
Accepter tous les services