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Solaire thermique “grand format” pour le réseau de chaleur de Narbonne

Le fournisseur de chaleur renouvelable Newheat vient d’inaugurer la plus grande centrale solaire thermique de France dédiée à un réseau de chaleur urbain. Sa puissance de 2,8 MW va accroître la part d’énergies renouvelables de ce réseau déjà majoritairement alimenté par une chaufferie bois. L’investissement de 2 millions d’euros est assuré à 49 % par les outils techniques et financiers de trois régions.

PAR FRANCK TURLAN - DéCEMBRE 2021
La centrale solaire Narbosol, mise en service fin septembre, a été inaugurée le 22 octobre. Trois régions sont associées ici à la société bordelaise Newheat pour une grappe de projets sur leur territoire, tous lauréats du Fonds chaleur de l’Ademe. ©Franck Turlan

Un champ de capteurs solaires en bord de rocade, à Narbonne. Une nouvelle centrale photovoltaïque en périphérie de cette ville de 50 000 habitants du sud de la France ? Perdu. Il s’agit ici d’énergies renouvelables, certes, mais sur un besoin méconnu par le grand public comme par les représentants élus : la chaleur. « C’est vrai qu’on est éclipsé par notre grand cousin, le photovoltaïque. Alors que l’électricité couvre seulement 25 % de nos besoins en énergie primaire, contre 50 % pour la chaleur, dont la moitié pour le chauffage », regrette Hugues Defréville, le jeune dirigeant de Newheat. Créée en 2015 à Bordeaux, cette société a développé et investi dans la désormais plus grande centrale solaire thermique française alimentant un réseau de chaleur urbain : 3 242 m² de capteurs solaires plans du fabricant finlandais Savosolar représentant 2,8 MW de puissance thermique. L’eau chauffée jusqu’à 85 °C est stockée dans une cuve isolée de 1 000 m³. Ce système, très simple, doit permettre de fournir 18 % des besoins en chauffage et en eau chaude sanitaire d’un réseau de chaleur existant depuis 1970, avec 900 logements raccordés, sept écoles, un collège et d’autres bâtiments recevant du public. D’abord alimenté par des chaudières brûlant du fioul lourd, ce réseau avait entrepris sa mue décarbonée en 2007, avec une chaufferie au bois déchiqueté de 2,5 MW couplée à du gaz ; système exploité par Dalkia via une délégation de service public (DSP).

Baisser le coût de la chaleur

Mais cette volonté de “passer au vert” avait un inconvénient majeur : les besoins en chaleur étant limités à cause d’un nombre trop restreint d’abonnés et d’un climat tempéré dans ce coin de Méditerranée, « c’était trop cher à l’usage », indique Michel Laurens, le directeur des services techniques de la Ville de Narbonne. En moyenne, sur les dernières années, 10,5 c€/kWh : « d’autant plus problématique que 70 % des clients finaux sont des locataires d’un bailleur social », précise-t-il. D’où l’idée en 2017 d’étendre le réseau, pour répartir les charges fixes sur un plus grand nombre d’abonnés… « et rester au-dessus des 50 % de part d’énergies renouvelables exigés par l’Ademe quand elle avait accordé sa subvention pour la chaufferie biomasse. » Aujourd’hui, avec le solaire, la collectivité et son délégataire peuvent pratiquer un « prix plus raisonnable » de 9 c€/kWh, indique Michel Laurens. Parmi les autres avantages qu’il voit : la stabilité des prix offerte par le solaire sur les 25 ans de la nouvelle DSP et, sur un plan technique, la mise à l’arrêt de la chaudière gaz pendant l’été. L’extension de réseau d’1,7 km a permis de raccorder des dizaines de logements sur un nouveau quartier, mais l’ajout du solaire fait néanmoins passer le taux de couverture par les énergies renouvelables de 65 à 75 %. Une opération exemplaire qui doit aussi beaucoup à la configuration des lieux : la municipalité disposait d’un coin de garrigue d’environ un hectare, inutilisable car “coincé” entre une rocade et des bâtiments industriels, situé à tout juste 600 m du réseau existant… Un détail qui peut faire passer un tel projet de l’ombre à la lumière.

Un projet public/privé

Aujourd’hui, pas de champ solaire thermique économiquement “jouable” sans subventions publiques : l’Ademe a apporté 55 % du financement et la Région Occitanie 100 000 €, sur un investissement de 2 millions d’euros. Ce lien entre public et privé se retrouve dans la composition de l’actionnariat de Narbosol, la société d’exploitation de la centrale… Newheat détient 51 % du capital investi ; le reste est réparti à parts égales entre trois conseils régionaux, via leurs fonds d’investissement : Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie. Car la centrale de Narbonne s’inscrit dans un ensemble de cinq projets lauréats du Fonds chaleur, sur ces régions, selon le même montage financier. La première réalisation, mise en service cet été, est située sur la ville de Pons (Charente).

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