Portrait
Thibault Herrard, habitologue, scrute les maisons et leurs habitants
Près de Nantes, Thibault Herrard exerce une nouvelle fonction, celle d’habitologue. L’ambition ? Aider les particuliers qui souhaitent rénover leur maison à obtenir un habitat confortable, sain, durable et sobre sur le temps long. Portrait.
Après être passé par une école d’ingénieur en génie industriel, Thibault Herrard a rénové sa propre maison il y a quelques années et s’est pris de passion pour ce sujet. Il réfléchit alors à un changement de voie et découvre en 2020 la fonction d’habitologue. « Une révélation, c’était le métier que je rêvais de faire. Le principe de base ? Se dire qu’il est possible de rénover un habitat de diverses manières – type de chauffage, choix des matériaux pour l’isolation, les menuiseries… –, mais que la rénovation doit en premier lieu s’adapter aux habitants », explique l’habitologue, installé dans la campagne au nord de Nantes.
Des « rénovations pertinentes »
Thibault Herrard n’est ni artisan, ni architecte, ni thermicien. Habitologue, ou conseiller en « rénovations pertinentes », il se positionne en complément de ces métiers pour conseiller les particuliers dans le parcours de la rénovation. « Notre approche est globale : l’idée est d’œuvrer dans le sens de l’écologie, de la pérennité du logement et de son confort. Nous réfléchissons donc aux solutions qui émettent le moins de gaz à effet de serre possible, mais aussi qui s’adaptent à l’existant – ne pas remplacer coûte que coûte certains éléments de la maison –, avec des matériaux propres, si possible biosourcés. Ensuite, les travaux doivent être pérennes, et dans tous les cas assurer un confort aux habitants, pour qu’ils se sentent bien chez eux. »
Les clients de Thibault Herrard ? Des propriétaires souhaitant rénover ou de futurs accédants, hésitant sur leur achat. « Je débute toujours mon travail par un échange en visio d’environ deux heures avec les clients. J’essaye de comprendre qui ils sont, à quoi ils sont sensibles (lumière, poussière, humidité…), quels sont leurs modes de vie (travaillent-ils depuis chez eux ? À combien chauffent-ils ?). Je demande également les diagnostics s’il y en a, des photos et des factures d’énergie. »
Ausculter la maison
L’habitologue passe ensuite une journée chez le particulier. « L’idée, là, est d’ausculter ensemble la maison, de rentrer dans le détail, des fondations à la charpente. On parle de thermique, d’hygrométrie, de remontées capillaires… Je leur résume ensuite l’état du bâti et établis avec eux plusieurs scénarios de solutions concernant le mode de chauffage, l’isolation, la ventilation… » Par la suite, les clients se tourneront vers des artisans ou réaliseront eux-mêmes les travaux. L’habitologue ne suit pas le chantier. Thibaut Herrard discute parfois avec ses clients quelques semaines après ses premiers échanges, pour répondre aux éventuelles questions. « C’est un métier passionnant, on aide vraiment les gens. On prend le temps avec eux. »
Pour aller plus loin : le site de Thibault Herrard
« Soigner l’habitat », l’idée de Claude Lefrançois
Claude Lefrançois est un passionné de l’habitat. Lui qui a été charpentier, constructeur de maisons à ossature bois ou formateur dans l’isolation biosourcée, propose depuis des années sur sa chaîne Youtube « Papy Claude / Soigner l’habitat » des vidéos très détaillées sur la correction thermique, le dimensionnement du chauffage, le renouvellement d’air…
« Devant le succès grandissant qu’elles rencontraient, j’ai décidé de monter une formation pour devenir habitologue. L’idée est que l’habitologue arrive, dans le parcours de rénovation, en amont des autres professions (architecte, artisans…). L’objectif est d’appréhender les limites et les spécificités de la maison, de saisir les besoins de confort des habitants en les écoutant vraiment, et de les aider à rénover leur habitat, pour qu’ils puissent faire le choix de travaux de manière éclairée », détaille-t-il, se comparant à un médecin généraliste de l’habitat. La formation en ligne dure jusqu’à 500/600 heures en comptant les temps de « coaching ».
Depuis trois ans, 250 personnes ont été formées – des particuliers en reconversion, mais aussi des architectes, des artisans, des ingénieurs, des thermiciens… Une trentaine d’habitologues exercent aujourd’hui.