Stratégie
Thouarsais : comment le territoire est devenu un laboratoire de la transition énergétique
Volonté politique forte, mise en place d’une ingénierie via la création de plusieurs postes dédiés… Cette communauté de communes du nord des Deux-Sèvres a déployé diverses actions pour porter plusieurs projets, notamment dans le domaine des énergies renouvelables.
Début des années 1980. À Saint-Varent, petite commune rurale située dans le nord des Deux-Sèvres, une piscine est en projet. Intéressée par les énergies renouvelables, la mairie s’oriente vers la construction d’une piscine chauffée avec des panneaux solaires thermiques. La première du genre en France. D’autres infrastructures seront ensuite équipées de la sorte. « L’objectif était alors d’utiliser les énergies renouvelables pour faire baisser les coûts de fonctionnement », explique Aurélie Chevallier, directrice du pôle Aménagement durable de la communauté de communes du Thouarsais, qui regroupe aujourd’hui 24 communes et 36 000 habitants.
L’idée se propage…
Petit à petit, les élus aux alentours se montrent intéressés par la question. « Mais à l’époque, les communes ne disposaient pas d’ingénierie sur ces sujets. » Un premier poste de conseiller en énergie partagé est créé en 2001 au sein du Syndicat mixte du pays thouarsais (aujourd’hui communauté de communes), pour pouvoir parler technique avec les bureaux d’études. En 2007, le Thouarsais devient le premier territoire rural à contractualiser un plan climat (nommé alors “initiative climat”) avec l’Ademe et la Région. « En parallèle, les élus se lancent dans l’objectif Tepos [Territoire à énergie positive], avec l’ambition de produire, d’ici à 2050, autant que ce que le territoire consomme », poursuit Aurélie Chevallier.
Des renforts sont alors embauchés : un chargé de mission plan climat et deux personnes pour s’occuper de l’espace info-énergie. C’est à ce moment-là aussi qu’un important site militaire du territoire ferme. « Il était pollué aux métaux lourds, il n’y avait donc pas de retour possible à l’agriculture. L’État nous a indiqué que les travaux de décontamination seraient engagés quand nous aurions un projet… » Vient alors l’idée de Tiper, un “parc des technologies innovantes pour la production d’énergies renouvelables”, destiné à créer un mix énergétique, pour un total de 50 millions d’euros d’investissements privés. Aujourd’hui, celui-ci comprend trois parcs photovoltaïques (dont un qui sortira de terre cette année) pour une puissance de près de 30 MW, trois éoliennes (2 MW chacune) et une unité de méthanisation.
… et le Thouarsais devient un modèle
« Une volonté politique forte, qui persiste malgré les alternances et une histoire qui a commencé tôt expliquent aujourd’hui les raisons du succès et le fait que nous soyons devenus un démonstrateur pour d’autres régions », estime Aurélie Chevallier. Les collectivités du Thouarsais veulent aussi impliquer le citoyen. Les développeurs, locaux autant que faire se peut, ne pourront pas désormais proposer de projet qui n’intègre pas de financement participatif. « On réfléchit aussi à monter une société d’économie mixte pour investir dans les projets, afin qu’il y ait des retombées économiques, pas seulement fiscales, mais directement dans les poches des citoyens ! »
En chiffres
- Les différentes installations entraînent 280 000 euros de retombées fiscales par an.
- Depuis 2001, création de 6,5 postes dédiés à l’énergie.
- Les parcs éoliens (21 éoliennes en tout) et photovoltaïques du territoire permettent de couvrir 80 % des besoins en électricité.
- Objectif revu : d’ici à 2035, produire 100 % des besoins en énergie. Aujourd’hui, ce chiffre s’élève à 30 %.