Stratégie
Trignac développe le solaire dans le souci du bien commun
Location de toit à une association locale, investissement dans des panneaux thermiques pour l’Ehpad, centrale au sol en autoconsommation collective… La petite commune près de Saint-Nazaire engage des projets en prenant en compte les intérêts citoyens.

Quand il a été élu maire de Trignac (Loire-Atlantique) en 2017, Claude Aufort avait bien le développement des énergies renouvelables en tête. C’était d’ailleurs inscrit dans son projet électoral. « Mais on ne savait pas forcément comment s’y prendre et surtout, on savait qu’on aurait rapidement des limites de budget », raconte-t-il. Alors la petite commune de 8 000 habitants va s’appuyer sur les citoyens.
En 2018, l’association Toits au soleil voulait installer des panneaux photovoltaïques, et cherchait donc des toits. « Nous sommes une petite commune plutôt populaire, nos habitants n’avaient alors pas spécialement d’appétence pour le photovoltaïque. Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose d’emblématique : installer des panneaux sur la tribune de notre stade de rugby. C’est ici un lieu symbolique, avec un club important pour la commune et qui fait sa fierté ! »
Trignac décide alors de louer le toit à Toits au soleil pour une petite somme, après avoir procédé – sur ses fonds propres, autour de 6 000 € – à des travaux d’étanchéification. L’association, quant à elle, investit. Elle lève 15 000 € auprès de 33 citoyens, et emprunte les deux tiers restants nécessaires au projet (50 000 € en tout). « Après un certain nombre de plâtres essuyés par l’association, notamment des problèmes assuranciels, le toit solaire (36 kW installés), en revente totale d’électricité, a été mis en service en 2024. »
Du thermique pour faire baisser les factures
Dans le même temps, la municipalité s’était lancée dans l’installation de panneaux sur le bâtiment de la mairie. « Nous avons profité du fait de devoir reprendre la toiture pour cause de fuites pour installer 9 kW. L’idée était aussi que le projet, plus simple que le précédent, sorte rapidement [en 2019, ndlr] pour montrer que c’était possible », poursuit l’édile. Toujours dans l’idée de sensibiliser la population, un compteur a été installé dans le hall de la mairie, indiquant en direct la production solaire. C’est d’ailleurs aussi le cas sur la tribune de rugby.
Autre projet important pour le maire, celui de l’Ehpad, dont la municipalité est propriétaire, mais non gestionnaire. « Nous notions les difficultés d’équilibre des finances, et le fait que, forcément, l’une des solutions pour les résoudre, c’était de rogner sur le personnel. Pour tenter d’intervenir à notre petit niveau, sans être intrusifs sur le fonctionnement de l’Ehpad en tant que tel, nous avons installé en 2024 des panneaux solaires thermiques (60 m²) et photovoltaïques (40 kW, en autoconsommation avec revente du surplus). » Les factures d’énergie pourraient baisser de 40 %. L’investissement a été de 141 870 € HT, avec une aide du Fonds chaleur de 38 390 € (pour la partie thermique).
Bientôt une centrale au sol
Le plus gros projet à ce jour est sur les rails : une centrale solaire au sol sur un site pollué, les friches de Menée-Lambourg. « Nous voulions investir en direct, mais nous avons dû vendre notre terrain à l’agglomération de Saint-Nazaire, car il n’était pas possible d’avoir deux entités de type agglomération et commune sur le même montage. De plus, l’agglomération dispose d’une ingénierie que l’on n’a pas, donc cela nous a semblé la meilleure solution », détaille le maire, qui a fait le choix de ne pas vendre le terrain à un développeur privé.
C’est la SEM de Territoire d’énergie 44 (le syndicat d’énergie du secteur) qui va porter l’investissement via une SAS dédiée (40 % TE44, 40 % agglomération, 20 % citoyens). Les 7 ha de panneaux pourraient produire 7,5 MWh, dont 2,5 MWh devraient être distribués en autoconsommation collective. « L’objectif sera de proposer des contrats sur le long terme aux commerces, agriculteurs, entreprises du périmètre des 10 km autour de la centrale. »
« Ces projets sont toujours pensés avec des partenaires (comme Toits au soleil) et des experts ayant la compétence (TE44 et l’agglomération de Saint-Nazaire). C’est capital, car tout ceci est complexe et nous avons besoin d’ingénierie pour que cela fonctionne », conclut Claude Aufort.