Ulysse Blau à vélo, à la rencontre des maires du Calvados

C’est le 15 avril, à Crocy, que l’aventure en tant que telle a commencé. Ulysse Blau, ingénieur en bioressources, part sur son vélo pour trois mois de périple dans le Calvados. Quelque temps plus tôt, il a quitté son travail parisien avec l’envie d’aller voir comment se passe la transition écologique ailleurs, transition qui avance si lentement dans la capitale malgré les efforts des élus. Avec l’aide de partenaires chercheurs, journalistes, sociologues ou élus, il a préparé un questionnaire qu’il propose chaque jour à un maire différent. Au total, 64 seront interrogés dans ce département représentatif de la diversité, en taille et en activité, des communes françaises. Autofinancé, Ulysse va à leur rencontre avec sa casquette de simple citoyen, pour leur laisser une grande liberté de parole.

L’intercommunalité, meilleure amie de la transition écologique

Résultat de son état des lieux, l’intercommunalité apparaît comme la grande gagnante de la transition écologique. Si elle présente des inconvénients, notamment quand elle atteint une certaine ampleur, elle constitue une alliée pour les maires dans ce domaine, en raison de l’expertise, des ressources financières et de la légitimité qu’elle apporte. « Cependant, le danger de l’intercommunalité est de casser ce qui est fait à petite échelle. Un maire m’a donné l’exemple d’un agriculteur qui fournissait la cantine de la commune. Le regroupement a nécessité le passage à une structure d’approvisionnement plus importante et l’agriculteur a perdu un important débouché. L’intercommunalité doit permettre de développer de nouveaux projets, mais également d’accompagner ce qui est en place », commente Ulysse Blau.

Et le développement des EnR ?

Ce n’est pas la priorité des maires en matière de transition écologique. D’autres sujets, comme la gestion des déchets, les préoccupent davantage. Ainsi, seules deux communes du panel produisent de l’énergie sur leur territoire, 20 % le prévoient et 15% l’ont envisagé mais n’ont pas réussi à aller jusqu’au bout, notamment en raison d’une résistance locale. « Les citoyens, souvent, ne sont pas opposés au projet en lui-même mais à la façon trop verticale dont il est mené. Le manque de concertation entraîne de la méfiance », détaille l’ingénieur. Autre enseignement : seules les énergies éolienne et photovoltaïque sont évoquées par les maires. La chaleur renouvelable est souvent oubliée.

La résilience, peu présente

Plus étonnantes sont les réponses des maires quand Ulysse Blau les questionne sur la nécessaire résilience énergétique de la commune. « Très peu ont conscience de la problématique. Les pannes d’électricité dues à une catastrophe naturelle ou à un attentat, par exemple, ne sont pas anticipées dans les budgets. En cas de problème, les maires se tournent vers l’opérateur ou l’État pour trouver des solutions. Mais ces derniers ne peuvent pas toujours rétablir la situation rapidement. Développer la production locale d’énergies renouvelables améliorerait la résilience énergétique des communes mais peu y pensent », rapporte Ulysse Blau. Plus largement, le concept de « crise » est relativement étranger aux maires qui font peu d’effort pour réduire la dépendance de leur commune « à l’eau abondante » et au « pétrole peu cher ». « Or il s’agit d’une question de sécurité, analyse encore l’ingénieur, et le maire a la responsabilité de ses habitants. »