Stratégie
Un premier car scolaire rétrofité GNV en Auvergne-Rhône-Alpes
Ecol’car, car rétrofité du diesel vers le bioGNV, a été développé par le Centre de recherche en machines thermiques, en collaboration avec les Transports Berthelet. Pour un coût équivalent à la moitié d’un car neuf, il repart pour une durée de vie de quinze à vingt ans.
L’histoire commence il y a deux ans. Les Transports Berthelet, spécialisés dans le voyage en car, s’interrogent : ils vont bientôt être en difficulté pour répondre aux appels d’offres de la Région Auvergne-Rhône-Alpes concernant le transport scolaire. Ceux-ci indiquent que les cars doivent répondre à la norme Euro VI. Une notation est aussi définie en fonction de l’énergie (elle attribue davantage de points pour le bioGNV) et de l’âge du véhicule… Or, une partie de leur flotte est alors en norme Euro V.
L’entreprise s’oriente alors vers le Centre de recherche en machines thermiques. Cette PME conçoit et réalise des systèmes pour des motorisations fonctionnant avec des carburants alternatifs, s’occupe de mesurer différents types de polluants et travaille également, côté innovation, sur le rétrofit. « Nous nous adaptons aux demandes des clients transporteurs et proposons des solutions sur mesure. Ici, nous avons d’abord envisagé la solution hydrogène, mais nous nous sommes finalement rapidement orientés vers le gaz, technique plus mature et permettant un projet réalisable dans un temps assez court », explique Daniela Touzé, responsable du développement commercial chez CRMT. Pour ce faire, les équipes du CRMT ont aussi travaillé avec le constructeur Iveco Bus. Berthelet avait déjà l’expérience du gaz naturel sur certains de ses bus et cars, et possède une station d’avitaillement.
Système de stockage dans la soute
Concrètement, il a fallu remplacer la motorisation diesel Euro V par l’équivalente GNC Euro VI neuve d’origine, intégrer les nouveaux composants GNC et adapter l’ensemble des fonctions du véhicule diesel – tel le tableau de bord qui indique des éléments nouveaux comme les fuites potentielles… – pour un fonctionnement au bioGNC. « Le choix plutôt singulier qui a été fait, c’est de placer le système de stockage dans la soute, puisque l’intégralité n’est pas indispensable quand il s’agit de transport scolaire. Le besoin serait différent pour des autocars classiques proposant des voyages plus longs », indique Daniela Touzé.
Le coût ? Environ 100 000 euros. À savoir moitié moins qu’un véhicule neuf (autour de 230 000 euros). Le véhicule repart ainsi pour une deuxième vie, soit entre quinze et vingt années supplémentaires. Au-delà du challenge technique – notamment pour bien dimensionner le stockage et lui trouver un emplacement –, la difficulté a été de faire accepter la solution à tout l’écosystème environnant. « Quand les Transports Berthelet sont allés proposer la solution Ecol’car à la Région, cela a posé des nouveaux défis, puisque même si le véhicule est désormais comme nouveau, il a en réalité une dizaine d’années. Finalement, les appels d’offres de transport scolaire ont été adaptés pour prendre en compte cette dimension. Ils indiquent que les véhicules peuvent avoir jusqu’à vingt ans à condition qu’ils aient été rétrofités. »
Conversion en six mois
Une quinzaine d’autres cars vont ainsi être rétrofités. « Nous sommes aussi à la recherche d’autres transporteurs intéressés. Nous pouvons convertir une flotte en six mois, quatre mois pour recevoir les pièces nécessaires, et seulement deux semaines d’immobilisation du véhicule pour procéder au rétrofit. » Reste aussi l’épineuse question des stations : la solution ne sera pas forcément pertinente si les stations disponibles sont trop éloignées des parcours des cars. « Nous travaillons aussi avec des sociétés dans la création de stations et pouvons faire des mises en relation sur ce sujet », conclut Daniela Touzé.