Initiatives

Un projet de méthaniseur pour valoriser les effluents de culture

Épaulée par Séolis Prod et Naskeo, la coopérative Entente agricole construit actuellement une unité de méthanisation à Melle, dans les Deux-Sèvres.

PAR ARNAUD WYART - JANVIER 2020
Démarré il y a un an, le chantier de Melle arrivera à terme en juin 2020 ©CEA

Lancé en 2011, ce projet de biogaz a été imaginé par la coopérative Entente agricole (CEA) afin de répondre à une problématique locale : le classement de zones en périmètres de captage afin de lutter contre la pollution de l‎’eau potable. « Dans le département des Deux-Sèvres, les contraintes imposées aux agriculteurs risquaient de déstabiliser les éleveurs. La coopérative a donc décidé de faire quelque chose pour réduire le lessivage des sols et maintenir leur fertilité autour de Melle », explique Jacques Maroteix, président de la coopérative. L‎’idée consistait à traiter le fumier et le lisier pour produire du gaz, mais également à rendre aux agriculteurs de l‎’engrais naturel (le digestat) pour qu‎’ils puissent le répandre sur leurs terrains via un plan fumure suivi par la chambre d‎’agriculture. La CEA a donc commencé par signer des contrats avec une vingtaine d‎’éleveurs (adhérents ou non) officiant dans un rayon de 10 km autour de Melle, puis elle s‎’est engagée dans la fastidieuse phase administrative. Si l‎’autorisation des installations n‎’a pas posé de problème, le permis de construire, lui, a été difficile à obtenir. « Le permis a été attaqué au tribunal administratif par une association de Melle qui protège les citoyens. Celle-ci avait des doutes au niveau des odeurs émises, pourtant, la coopérative s‎’est engagée à les traiter. Finalement, nous avons eu gain de cause, mais la procédure a duré deux ans. »

34 000 tonnes traitées par an

Afin de porter le projet, la SAS Méth‎’Innov a été créée en 2013. En ce qui concerne le montage financier, la coopérative a estimé que le coût du projet (8,5 millions d’euros) était trop élevé pour qu‎’elle le prenne en charge seule. Le capital de Méth‎’Innov a donc été ouvert à d‎’autres entreprises en 2019 : le fournisseur d‎’électricité et de gaz Séolis Prod et Naskeo, qui construit le méthaniseur. Les subventions, elles, se montent à environ 2 millions d‎’euros (980 000 pour la région Nouvelle-Aquitaine, 600 000 euros pour l‎’Ademe et 400 000 euros pour l‎’Agence de l‎’eau). De leur coté, les agriculteurs engagés dans l‎’aventure sont très enthousiastes. «.Ils sont actionnaires à hauteur de 5 % et ils attendent avec impatience la mise en service. En tant qu‎’éleveurs, ils sont contraints par la directive nitrates et les programmes d‎’action mis en place en France qui leur imposent des stockages importants pour les effluents. Au lieu d‎’investir, ils préfèrent nous laisser traiter leur fumier, gérer le stockage du digestat et l‎’épandage ». En termes de capacité, l‎’unité de méthanisation (2 digesteurs et un maturateur) traitera 34 000 tonnes de fumier/lisier par an et elle injectera 200 m3 de gaz/heure dans le réseau GRDF (pour un total de 1 800 000 m annuels). En outre, 5 emplois directs seront créés, dont certains qualifiés. De bon augure en zone rurale.

Une viabilité économique incertaine

Soutenu par la région et l‎’Ademe, ce modèle de méthanisation est parfaitement reproductible, d‎’autant que les acteurs locaux s‎’y retrouvent. Pourtant, Jacques Maroteix exprime une crainte vis-à-vis du gouvernement. « Il faut que celui-ci mette en accord ses discours et ses actes. Au nom du principe de précaution, il estime qu‎’un risque sanitaire existe, même si nous refusons toujours les effluents en cas de problème sanitaire au niveau de l‎’élevage. Cela signifie pour nous la mise en place d‎’une unité d‎’hygiénisation coûteuse. En même temps, le gouvernement souhaite diminuer le tarif d‎’achat du gaz, mais s‎’il continue dans cette voie, ça sera la fin de la méthanisation des effluents d‎’élevage, les projets n‎’étant plus du tout intéressants économiquement », rappelle-t-il. Démarré il y a un an, le chantier de Melle arrivera à terme en juin 2020.

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