Portrait
Une géographe aux manettes du Besançonnais
Engagée en politique depuis seulement dix ans, Anne Vignot est devenue maire de Besançon et présidente de Grand Besançon Métropole l’été dernier, après avoir occupé le poste d’adjointe à l’énergie et à l’environnement de l’équipe précédente. De part sa formation de géographe, elle porte un regard globalisant, à la fois social et soucieux des équilibres biologiques et environnementaux de son territoire, occupé à parts égales entre forêt, ville et agriculture.
Jurassienne d’origine, Anne Vignot est arrivée à Besançon il y a quarante ans pour faire ses études et y est restée, embauchée comme cartographe au CNRS. Aujourd’hui ingénieure en géographie historique, elle a côtoyé la politique, notamment dans le cadre de son engagement au sein du conservatoire des espaces naturels de Franche-Comté, avant de s’y engager sur une liste écologiste aux élections régionales de 2009. Dix ans plus tard, elle est à la tête d’une métropole de 200 000 habitants et 68 communes dont Besançon, 120 000 habitants, et 37 communes de moins de 1.000 habitants.
Vision globale
La maire et son équipe bénéficient d’une organisation interne déjà structurée : une direction de la maîtrise de l’énergie depuis dix ans et ses référents dans toutes les autres directions, une labellisation Cit’ergie depuis 2007 (voir encadré) – et l’accompagnement qu’elle nécessite, rappelle l’élue –, élevée au niveau Gold en 2012 et 2016. « Cela permet un regard extérieur avec une grille d’analyse basée à la fois sur l’énergie, l’environnement, la pollution, la biodiversité, etc. », précise Anne Vignot. Une vision globale qu’elle applique dans tous les domaines.
« L’équipe municipale précédente avait beaucoup misé sur le bois-énergie, augmentant la pression sur notre massif, un des plus importants du Doubs. Ajoutez à cela le changement climatique et l’importation de pathogènes, du fait des échanges commerciaux européens de bois, et la forêt risquait le dépérissement. J’ai souhaité que l’on engage une réflexion sur nos besoins liés au développement des réseaux de chaleur tout en préservant la biodiversité forestière et la capacité de la forêt à offrir du bien-être aux habitants, et lutter contre le réchauffement. »
Bureau des temps
Faisant écho à la crise des gilets jaunes, Anne Vignot rappelle que l’aménagement du territoire, basé sur la maison individuelle et la concentration des zones d’activité, rend de nombreux habitants dépendants de la voiture. « Cela nous demande de réorganiser les déplacements en lien avec les employeurs et les universités : 30 000 élèves et étudiants se déplacent chaque matin à Besançon. Avec le “bureau des temps”, nous voulons désynchroniser certains mouvements et gagner sur les embouteillages, la pollution et la saturation des transports en commun », assure-t-elle. Si l’action publique va vers une diminution de la consommation d’énergie et un développement des énergies renouvelables, elle répond aux grands enjeux mondiaux tout en valorisant le territoire, explique la première femme et première écologiste à occuper le poste d’édile de Besançon. Le regard géographique est intéressant pour ces enjeux, car il analyse les interactions entre acteurs, problématiques et actions, ce qui évite bien souvent les contradictions et les contrariétés. »
Cit’ergie
Programme de management et de labellisation européen, Cit’ergie s’appuie sur un engagement de la collectivité à mettre en œuvre une politique climat-air-énergie ambitieuse avec le soutien financier de l’Ademe. À l’appui d’objectifs quantifiés, European Energy Award récompense tous les quatre ans les collectivités les ayant atteints à 35 % (Cap Cit’ergie), 50 % (Cite’ergie) ou 75 % (Gold Cit’ergie). Cinq collectivités ont obtenu le niveau Gold : Besançon, Dunkerque, Échirolles, Grenoble et Lorient.