Portrait

Vers un revenu de Transition Ecologique ?

Sophie Swaton, économiste et présidente de la fondation Zoein, travaille sur la mise en place à grande échelle d’un revenu de transition écologique (RTE) afin de soutenir la transition des territoires. Quatre collectivités se sont pour l’instant engagées dans l’expérimentation : la ville de Grande-Synthe dans le Nord, l’écosystème coopératif de Tera dans le Lot-et-Garonne, la Haute Vallée de l’Aude et la ville de Marseille. Explications.

PAR ARNAUD WYART - SEPTEMBRE 2021
Sophie Swaton, économiste et présidente de la fondation Zoein. ©Zoein

Comment est née l’idée d’un revenu de transition écologique ?

Je m’intéresse à ce sujet depuis ma thèse universitaire, mais j’ai concrètement développé l’idée d’un RTE lorsque j’ai commencé à travailler sur les leviers de la transition écologique. Étant spécialisée dans l’économie sociale et solidaire, j’ai créé le dispositif, mais uniquement en m’appuyant sur du bon sens et sur les retours que j’avais d’un certain nombre d’acteurs. L’idée consistait à soutenir directement des emplois inscrits dans la transition écologique et coûtant moins cher aux collectivités que les prestations chômage et les mécanismes de lutte contre la précarité. Des initiatives sont bien menées en faveur de la transition et du lien social, mais les emplois sont mal rémunérés. Le RTE doit être vu comme un outil permettant d’accélérer la transition et de créer de nouveaux emplois rémunérés liés à cette transition.

Quels types d’emplois sont concernés ?

Avec le RTE, il est possible de créer des emplois dans l’agro-écologie, la permaculture, la mobilité, le journalisme environnemental, l’urbanisme, l’habitat, etc. On peut aussi imaginer des assistances sociales ou des étudiants formés pour coacher les familles sur la consommation en circuit court ou encore des conseillers en investissement durable par exemple. Les collectivités et les entreprises pourraient en outre bénéficier de nouveaux conseillers en énergie et en réduction des émissions de CO2. Cela leur éviterait de recourir à des cabinets onéreux et permettrait de monter en compétences. On pourrait également mettre en place de nouveaux métiers, par exemple pour développer le low tech [ou “basse technologie”, démarche consistant à utiliser des technologies permettant d’aller vers la sobriété énergétique et matérielle, la durabilité et la résilience collective, ndlr] avec des ingénieurs spécialisés dans le biosourçage. Ceux-ci pourraient travailler sur de nouveaux matériaux qui permettraient d’utiliser moins de sable, moins de béton, etc. Idem en matière d’aménagement du territoire, avec des architectes spécialisés par exemple dans l’intégration du végétal ou des points d’eau. Les associations font déjà un gros travail de leur côté, mais les emplois concernés représentent encore une niche. Le RTE doit être un moyen de coordonner et de guider des initiatives existantes. Cela permettrait à ces dernières d’être plus efficaces sur l’ensemble d’un territoire.

Comment fonctionne le RTE ?

Le RTE peut prendre différentes formes : RTE complément de salaire, RTE formation ou RTE investissement (un petit capital pour démarrer une activité par exemple). Il est mis en œuvre via la création d’une coopérative de transition écologique (une société coopérative et participative ou une société d’intérêt collectif) permettant de fédérer plusieurs partenaires (entreprises, associations, collectivités, etc). La coopérative doit en outre se doter de statuts juridiques et définir les critères d’urgence écologique pour déterminer les besoins du territoire. Dans le modèle actuel, ce sont ces collectivités qui initient et financent le RTE, mais il va falloir lever d’autres fonds (publics et privés) pour que le modèle soit autosuffisant d’ici cinq ans. Une gouvernance collective doit également être inventée. Aujourd’hui, la fondation Zoein accompagne les initiatives car ce sont des projets pilotes. Nous apportons notamment une aide de 30 000 euros sur trois ans pour financer un poste de coordinateur et penser le modèle local. Toutefois, nous avons besoin d’un changement d’échelle pour industrialiser et soutenir massivement des emplois qui existent bel et bien.

4 collectivités engagées

Parmi les expérimentations actuellement menées, celle de la commune de Grande-Synthe est la plus avancée. Depuis quelques mois, une dizaine de RTE ont été versés, notamment des RTE formation et des RTE investissement. De son côté, l’écosystème coopératif Tera va utiliser le RTE en complément des dispositifs déjà mis en place, notamment un revenu d’autonomie. La Haute Vallée de l’Aude, elle, se penche actuellement sur les statuts d’une coopérative avec le département de l’Aude. Enfin, Marseille, qui dispose déjà de nombreuses initiatives, a initié en avril dernier un groupe de travail avec les acteurs de la ville et la fondation Zoein pour mettre prochainement en place un RTE.

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