Stratégie

Fourmies : du photovoltaïque à la chaleur renouvelable

Dans la petite ville de Fourmies, dans le Nord, le maire Mickaël Hiraux parie tout azimut sur les énergies renouvelables et prévoit, à terme, trois réseaux de chaleur sur son territoire.

PAR GéRALDINE HOUOT - AVRIL 2022
La chaufferie étant en centre-ville, la municipalité a souhaité impliquer les citoyens en les consultant sur l’aspect extérieur du bâtiment. ©DR

« Même lorsque les prix étaient bas, je n’ai jamais cru que le gaz était l’avenir », affirme Mickaël Hiraux. Porté par la dynamique de la Troisième révolution industrielle (REV3), politique ambitieuse de la région Hauts-de-France en faveur de la transition écologique et numérique, le maire de Fourmies, petite ville du Nord de 12 600 habitants, se mobilise depuis son élection en 2014 pour rendre son territoire autonome en énergie en 2050.
Après avoir procédé à des travaux de rénovation énergétique et installé des panneaux photovoltaïques (en revente totale et autoconsommation collective) sur certains bâtiments communaux, puis mis en place un plan Lumière pour passer à l’éclairage aux LED et réduire la facture d’au moins 57 % d’ici à 2026, il s’attaque désormais à la chaleur renouvelable.

Un petit réseau…

Un réseau de chaleur est en construction en centre-ville depuis le début de l’année pour chauffer neufs bâtiments communaux (marché global de performance attribué à Engie Solutions). Grâce à une chaufferie biomasse de 400 kW, il sera alimenté à 86 % par du bois déchiqueté issu de l’entretien des haies locales (lire encadré), fourni par des agriculteurs adhérents de l’association de préservation du bocage Atelier agriculture Avesnois-Thiérache (AAAT). La chaufferie étant en centre-ville, la municipalité a souhaité impliquer les citoyens en les consultant sur l’aspect extérieur du bâtiment. « Nous avons organisé une séance de codesign pour prendre en compte leurs souhaits dans le cahier des charges donné à l’architecte. Le projet a donc été très bien accepté. Les habitants sont fiers de l’investissement de la ville dans les énergies renouvelables et nous font confiance », raconte Mickaël Hiraux. 4 % des besoins en chaleur seront couverts en complément grâce à un réservoir tampon de 10 m3 qui permet d’optimiser le recours à la biomasse. Le réseau sera ainsi alimenté à 90 % par des énergies renouvelables (gaz en appoint et secours). Le montant prévu des travaux est de 2,1 millions d’euros, dont 36,9 % couverts par des aides Ademe, 33 % par le programme européen Interreg 2 Mers via le projet SHIFFT (Sustainable Heating : Implementation of Fossil-Free Technologies), et 6,1 % par des certificats d’économie d’énergie.

… pour se faire la main et aller plus loin

D’un total de 1 400 mètres, ce « petit réseau », qui sera mis en service en septembre prochain, n’est en fait que les prémices d’un second beaucoup plus ambitieux. « Nous allons lancer sous peu une concession pour un réseau de chaleur destiné à alimenter un nouveau quartier écologique qui va commencer à voir le jour en 2024 sur une ancienne friche industrielle en centre-ville. Environ 100 logements sociaux seront construits dans un premier temps. Des lots sont également réservés pour des promoteurs pour atteindre au total 300 logements en quinze ans. Nous prévoyons également la construction d’une piscine écologique intercommunale et d’une cuisine centrale. Le tout sera relié à ce réseau de chaleur alimenté par un mix d’énergies renouvelables encore indéfini », s’enthousiasme le maire qui prévoit également qu’au moins 50 % de l’électricité consommée sur la ZAC soit d’origine renouvelable. Une extension de ce second réseau est, enfin, à l’étude dans le cadre d’un COT EnR (contrat d’objectif territorial d’énergies renouvelables) signé avec l’Ademe, pour alimenter l’ensemble de la ville : bâtiments collectifs (bailleurs sociaux, hôpital, Ehpad…), industriels et éventuellement des particuliers. C’est à pas de géant que l’on avance à Fourmies.

Les haies, un combustible vertueux

  • 430 tonnes/an de plaquettes bocagères alimenteront le réseau, venant de moins de 30 km à la ronde ;
  • 311 tonnes de CO2 seront évitées chaque année ;
  • Les résidus de combustion pourront être valorisés localement en engrais par les agriculteurs membres de l’AAAT ayant contribué à produire les plaquettes bocagères brûlées ;
  • L’usage du bois bocager permet de créer des emplois locaux.

Lutter contre la précarité énergétique

En complément du développement des réseaux de chaleur, pour lutter contre la précarité énergétique importante à Fourmies, une vaste Opération programmée d’amélioration de l’habitat-Renouvellement urbain (OPAH-RU) a été lancée en début d’année dans un quartier de 2 000 logements sur les 6 000 que comporte la ville. 4,7 millions d’euros sont prévus sur cinq ans, financés en partenariat avec l’ANAH et d’autres collectivités, pour permettre aux propriétaires occupants et propriétaires bailleurs volontaires de rénover leurs logements. Président de l’Office publique de l’habitat de la ville, le maire a prévu également un grand plan de réhabilitation de 600 logements sociaux (soit 50 % du patrimoine) entre 2021 et 2030.

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