La mobilité hydrogène se concrétise à Dijon

« Finalement, le retard pris à cause du Covid dans notre projet a été en partie rattrapé par cette même pandémie qui a également eu un effet dopant pour la filière hydrogène [suite à la flambée des prix de l’énergie et au plan France relance décidé à l’issue de la pandémie, ndlr], estime Amaury Vaussanvin, responsable Ingénierie du cabinet Justy qui accompagne la métropole dijonnaise dans le développement de sa stratégie hydrogène. Pour la station de Dijon Nord, les électrolyseurs ont été installés fin mars 2022. L’ouverture officielle de la station est programmée en septembre 2022. » Située tout près de l’incinérateur à déchets de la collectivité, la station produira et distribuera 440 kg d’hydrogène par jour. « Dans un premier temps, quatre bennes à ordures ménagères ont été converties via un retrofit, quatre autres suivront prochainement », précise le chef du programme. Les premiers bus à hydrogène devraient rouler à l’été 2023. « Jusqu’à 27 bus seront commandés petit à petit, compte Amaury Vaussanvin. L’investissement pour l’achat de ces 27 bus et de ces 8 bennes, et la construction de deux stations, représente 43 millions d’euros. Il est soutenu par l’Ademe, la Région Bourgogne-Franche-Comté et l’Europe. »

Deuxième station en 2024

D’ici à 2026, 22 bennes et 70 bus seront convertis, pour atteindre d’ici une dizaine d’années, la totalité de la flotte de collecte des déchets et du transport urbain des personnes, soit 44 bennes à ordures ménagères et 175 bus convertis. Cette montée en puissance sera accompagnée par la construction d’une deuxième station à Dijon Sud près du dépôt de bus. « En raison de la capacité de production importante de la station, des autorisations administratives sont nécessaires, ce qui allonge les délais de 12 à 18 mois », explique Amaury Vaussanvin. La station devrait entrer en fonctionnement début 2024 avec une production et une distribution quatre fois plus importante que celle de Dijon Nord, soit 1 600 kg d’hydrogène par jour. « Pour alimenter les électrolyseurs de cette station, la construction de parcs solaires est prévue, la métropole recherche actuellement du foncier, indique le responsable ingénierie. En attendant la mise en marche des parcs, des contrats d’énergie verte de gré à gré seront signés. » À plus long terme, cette station, située près d’une gare SNCF, offre un potentiel énorme d’usages. « Le ferroviaire est un vrai secteur à décarboner, souligne-t-il, mais à plus court terme, des industriels locaux aux flottes de poids lourds captives se sont déjà montrés intéressés. »
La première station de Dijon Nord sera multimodale et ouverte au public début 2023. Elle pourra donc avitailler des flottes privées d’entreprises de même que des véhicules de particuliers. « La métropole dijonnaise “amorce la pompe” de la mobilité hydrogène, aux autres acteurs de s’en emparer ! », souligne-t-il. Par ailleurs, le cabinet d’ingénierie Justy est dans l’attente du résultat de l’appel à projets hydrogène de l’Ademe pour plusieurs dossiers avec d’autres collectivités. «.Les élections ralentissent la sortie des résultats mais nous espérons les connaître d’ici septembre 2022 », précise Amaury Vaussanvin.