Les ambitions gaz vert des Monts du Lyonnais

En novembre 2022, la communauté de communes des Monts du Lyonnais (CCMDL) recevait le trophée Territoire engagé gaz vert décerné par GRDF. Lauréate du lot 1, qui récompensait les initiatives territoriales en matière de gaz vert mais sans financement à la clé, elle a surtout bénéficié « d’un coup de com », selon Thomas Robert, responsable du service Transition écologique de la collectivité. Dans la foulée, la CCMDL accueillait les 13^e Rencontres nationales des territoires à énergie positive (Tepos), coorganisées fin septembre 2023 avec le CLER.

Vers l’équilibre

D’ici 2050, la CCMDL vise l’équilibre entre la consommation énergétique et la production d’énergies renouvelables locales. « En 2017, le territoire produisait 94 GWh d’énergie, y compris le bois de chauffage. Et il consommait 843 GWh, pour un total de 32 communes et 35 000 habitants, indique Thomas Robert. L’objectif 2050 est de diviser par deux la consommation d’énergie, de massifier le photovoltaïque et de développer deux autres unités de biogaz de type Méthamoly. »

Méthamoly, c’est cette station de méthanisation des Monts du Lyonnais mise en service en 2019 par une douzaine d’agriculteurs. Elle injecte dans le réseau de gaz « de 12 à 15 GWh de gaz par an, à partir de 10 000 tonnes d’effluents d’élevage et de 10 000 tonnes de biodéchets en provenance de cantines scolaires et des abattoirs de Saint-Étienne », précise Thomas Robert. La CCMDL compte également deux unités de cogénération privées, alimentées par des effluents d’élevage, l’une produisant 4 GWh d’électricité par an et l’autre un peu moins de 1 GWh. Une station de bioGNV mise en service en 2020 à une centaine de mètres en aval de Méthamoly complète l’écosystème. Propriétaire du sol, la CCMDL a financé la dalle béton et l’enrobé, un investissement remboursé par la location du terrain à l’exploitant, la SAS Biogaz des Monts, détenue par la société Prodeval et quelques agriculteurs impliqués dans Méthamoly.

Un territoire mobilisé

Les acteurs locaux ont si bien joué le jeu qu’au bout de deux ans la station était saturée. « La CCMDL a acquis une benne à ordures ménagères et cinq véhicules légers roulant au biogaz. Des communes, de même que des artisans, ont acheté des véhicules semi-légers au gaz », relate Thomas Robert. Plusieurs lignes de bus exploitées par des transporteurs en délégation de service public sont aussi passées au biogaz, ainsi que certains transports scolaires. En 2022, la SAS a dû remplacer la station initiale par une nouvelle, de capacité plus élevée. « Des transporteurs roulant au gaz vert amènent des collégiens au collège, où les déchets du restaurant scolaire sont méthanisés à Méthamoly, qui fabrique le gaz distribué à la station pour faire tourner le bus. C’est un cercle vertueux intéressant », souligne le responsable transition énergétique.

Pour 2050, la CCMDL estime avoir le potentiel pour deux autres méthaniseurs, si possible au nord du territoire, les trois unités actuelles étant au sud. Elle pourrait lancer une étude de potentiel et laisser les acteurs privés se charger de développer les projets. « Cela peut représenter une trentaine de GWh supplémentaires. Il ne s’agit pas de produire du biogaz de façon déraisonnée en créant des usines à vaches, mais plutôt de trouver un modèle cohérent adapté aux ressources du territoire », analyse Thomas Robert.

Des effluents et des biodéchets dans le méthaniseur