Portrait

Malaunay, pionnière de l’autoconsommation collective

En Normandie, près de Rouen, la commune de Malaunay, 6 200 habitants, fait figure d’exemple en matière de transition énergétique. Malgré des moyens limités, elle compte 1 700 m2 de panneaux photovoltaïques installés sur les bâtiments municipaux, ce qui lui permet de couvrir 30 % de ses besoins en électricité. Rencontre avec Guillaume Coutey, le maire de Malaunay.

PAR ARNAUD WYART - MARS 2024
Guillaume Coutey, le maire de Malaunay. ©DR

Quand avez-vous engagé la transition de Malaunay ?

Nous nous sommes penchés sur la question dès 2006. À l’époque, j’étais élu municipal de Malaunay. Puis quand je suis devenu maire, en 2012, j’ai souhaité axer l’ensemble du projet de territoire autour des enjeux liés à la transition énergétique. Comme beaucoup de communes, nous disposons en effet d’un budget limité, avec beaucoup de services publics en régie et nous commencions à souffrir de l’effet ciseau. Le but consistait à réduire nos dépenses, or, les principaux postes concernent l’énergie (chauffage, électricité, carburants). L’aventure a vraiment démarré ainsi, pour des raisons économiques. Chemin faisant, nous avons commencé à travailler avec l’Ademe qui développait le label Cit’ergie, mais uniquement pour les grosses collectivités. Nous avons fait des pieds et des mains pour rentrer dans le dispositif, car cela pouvait nous offrir l’opportunité de structurer notre réflexion.

Comment vous êtes-vous lancés dans l’autoconsommation collective ?

Lorsque le ministère de l’Environnement a lancé, en 2014, l’appel à projets « Territoires à énergie positive pour la croissance verte », nous avons déposé notre candidature. La ville travaillait sur ces sujets depuis plusieurs années et nous avons vu là une opportunité pour développer les énergies renouvelables, en particulier le solaire. C’est ainsi que nous avons intégré dans notre stratégie la production d’électricité sur le patrimoine municipal. Symboliquement, le premier bâtiment équipé fut la toiture de l’église. Nous faisons toujours en sorte que les actions aient un impact sur l’espace public, dans le but de sensibiliser, mais également de susciter le débat. Malaunay est d’ailleurs la première ville de France à avoir mis en place la convention avec Enedis pour l’autoconsommation collective. Ensuite, quand la réglementation a évolué pour permettre d’autoconsommer au-delà de la limite technique du transformateur de quartier, nous avons été également les premiers à la mettre en œuvre. Aujourd’hui, Malaunay affiche plus de 1 700 m2 de toitures solaires, intégralement en autoconsommation collective étendue.

Quelles sont vos sources de financement ?

Pour chaque grosse opération, nous parvenons à mobiliser 80 % de subventions. Le fait d’être partis très tôt nous a permis de mobiliser des partenariats financiers, car nous étions peu nombreux à nous lancer. Grâce à la labellisation « Territoire à énergie positive pour la croissance verte », par exemple, nous avons bénéficié d’un soutien de l’État de 2 millions d’euros pour notre programme d’investissement. 800 000 € ont été fléchés sur la réhabilitation de la piscine municipale, une passoire énergétique et un véritable gouffre financier. De même, lorsque l’État a lancé le plan France relance, il fallait être prêt à initier des actions. L’appel à projets avait en effet des fenêtres de tir relativement courtes. Or, nous avions déjà étudié les sujets en amont via des diagnostics énergétiques, des audits, des feuilles de route, etc. Grâce à ce dispositif et des subventions de droit commun, nous avons pu réaliser la rénovation thermique du centre socioculturel et la réhabilitation du centre de loisirs.

Quels résultats avez-vous obtenus ?

Grâce à la relocalisation de la production d’électricité sur nos toitures, nous couvrons entre 30 et 35 % de la consommation des bâtiments communaux. En outre, nous résistons un peu mieux que d’autres territoires en cas de choc. La crise des prix de l’énergie, entamée il y a deux ans, montre bien la vulnérabilité de nombreuses collectivités. C’est d’ailleurs la même chose pour ce qui concerne le chauffage. La problématique ne nous avait pas spontanément interpellés, mais grâce à la démarche Cit’ergie (devenue depuis TET pour « Territoire engagé pour la transition énergétique »), nous avons constaté que certaines de nos chaudières étaient obsolètes et que nous pouvions mettre en place un réseau de chaleur au bois. Des équipements de la ville fonctionnent toujours au gaz, mais nous avons sensiblement réduit notre dépendance.

Avez-vous des conseils à donner aux élus ?

Il n’est jamais trop tard pour agir. Actuellement, les communes peuvent bénéficier du Fonds vert par exemple. Nous accueillons régulièrement des groupes, notamment d’élus, pour que ceux-ci observent la transformation du territoire sur la durée et nous leur disons à chaque fois que c’est possible. Il n’est pas forcément nécessaire d’être une grosse collectivité, d’avoir beaucoup d’argent et de techniciens, pour se lancer dans l’innovation et l’expérimentation autour des transitions. Néanmoins, il est indispensable d’engager le conseil municipal et tous les agents. Le fait de travailler sur une action publique, positive et dynamique, crée naturellement un effet d’entraînement.

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