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À plein gaz sur les biodéchets ménagers

Un projet national vise à soutenir les initiatives de valorisation des biodéchets des ménages en méthanisation. Ceci avant que le tri à la source ne devienne obligatoire au 1er janvier 2024.

PAR ALEXIS DUFUMIER - MARS 2022
Les gros producteurs de biodéchets (dès lors qu’ils produisent plus de 10 tonnes par an) sont déjà contraints depuis 2016 de les valoriser par un circuit dédié, généralement compost ou méthanisation. ©Pixabay

D’ici deux ans, le tri à la source des biodéchets ménagers en vue de leur valorisation deviendra obligatoire, comme l’exige le paquet “économie circulaire” de l’Union européenne, adopté en 2018, et transposé en droit français dans la loi Agec (loi anti-gaspillage et économie circulaire) de février 2020. Dans ce cadre, la méthanisation semble une voie porteuse d’avenir pour les territoires, car elle permet, outre la production d’énergie, d’assurer le retour au sol des minéraux par la production de fertilisant.

Cependant de nombreux freins limitent actuellement la collecte séparée de ces déchets. D’ailleurs, seuls 4 % des Français étaient desservis en 2017 par une collecte séparée, pour un total collecté de 74 400 tonnes seulement, contre plus de 70 % en Autriche, selon le rapport Ademe Modecom. Or le poids des biodéchets des ménages est important.

Un énorme potentiel

Selon le rapport Modecom, 6 millions de tonnes de biodéchets organiques des ménages pourraient être valorisées sur un potentiel total de 12 Mt en incluant ceux des professionnels. Les gros producteurs de biodéchets (dès lors qu’ils produisent plus de 10 tonnes par an) sont cependant déjà contraints depuis 2016, de les valoriser par un circuit dédié, généralement compost ou méthanisation.

C’est dans ce contexte, et pour soutenir l’émergence de nouvelles solutions de mobilisation des biodéchets par méthanisation « au profit du développement durable des territoires », que L’Agence des économies solidaires, la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) et GRDF ont lancé un appel à projets national en ce sens. Les candidats visés sont « les collectivités et leurs groupements qui projettent la mise en œuvre du tri à la source de leurs biodéchets avant le 1er janvier 2024, avec orientation possible vers la méthanisation ». L’appel à projet concerne tout ou partie des “briques” du déploiement de ces filières, depuis la sensibilisation jusqu’au retour au sol des biodéchets après valorisation en méthanisation. Six lauréats pourront être retenus, qui bénéficieront d’un soutien « par du cofinancement d’études, de travaux de recherche, de prestations de conseils et d’investissement » dans une fourchette comprise entre 30 000 et 130 000 €. Les porteurs de projet ont jusqu’au 8 avril 2022 pour y répondre.

Déchets de catégorie 3

Les déchets visés par ces filières sont principalement constitués d’épluchures, d’os, de restes de repas, voire de papier apte au contact alimentaire. Pouvant contenir des produits d’origine animale, ils sont considérés comme des biodéchets de catégorie 3 et nécessitent des prétraitements spécifiques. Cependant, ces déchets peuvent être de grande qualité. En effet, selon le réseau Compost Plus, qui structure déjà des filières en France, la collecte à la source des déchets alimentaires permet la production d’une qualité de compost « au-dessus des normes » avec un taux de refus de seulement 2 % (voir le guide pratique édité par le réseau). Le cahier des charges de l’agriculture biologique autorise par ailleurs l’utilisation de ces biodéchets, à l’exclusion de ceux des gros producteurs, après traitement par fermentation (compostage ou méthanisation).

Le tri mécanobiologique sur la sellette

Les dégagements de gaz à effet de serre liés au traitement des déchets représentent environ 3 à 4 % des émissions françaises de gaz à effet de serre (Citepa, rapport Secten 2020), dont une très grande partie liée à la dégradation des matières fermentescibles en décharge. C’est pourquoi des initiatives ont déjà été enclenchées pour valoriser la fraction fermentescible de ces déchets. Historiquement, la France a notamment fait le pari de développer le tri mécanobiologique (TMB). Cependant, cette technologie est critiquée pour la présence possible de matières résiduelles non organiques qui poserait des problèmes d’innocuité des composts ou des digestats issus du traitement de ces biodéchets. Le TMB n’est donc pas reconnu dans le paquet “économie circulaire” de l’Union européenne. Malgré le déploiement de cette technologie, la France devra mettre en place le tri à la source des biodéchets des ménages d’ici 2024.

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