Entretien

Accompagner les zones d’élevage de ruminants en transition

Une filière méthanisation a été montée avec l’association Solagro dans le Lot, notamment pour soutenir la filière élevage. Guillaume Virole, responsable du service méthanisation au sein de la coopérative Fermes de Figeac, livre son témoignage.

PAR AUDE FABRE - JUILLET 2023
Guillaume Virole, responsable du service méthanisation au sein de la coopérative Fermes de Figeac. ©DR

Comment sont nés les projets de méthanisation agricole ?

Les Fermes de Figeac, avec 650 éleveurs adhérents, sont une coopérative agricole du nord du Lot où l’élevage bovin domine. Alors que la filière de l’élevage en France est en crise (baisse tendancielle de consommation de viande, inflation, difficultés économiques de la filière, réduction des aides, appel à réduire le cheptel pour diminuer les émissions de méthane…), une filière méthanisation a été imaginée, accompagnée par Solagro, une association au service des transitions. Le but : permettre au territoire de bénéficier d’une énergie produite localement et d’un amendement organique pour remplacer les engrais de synthèse. Elle offre également une diversification du revenu des agriculteurs dans un contexte de très grande morosité sur les marchés agricoles.

Après sept années de développement, quatre premiers méthaniseurs en cogénération ont été mis en service en 2022. Il y a quatre à onze fermes par projet qui souhaitent être au maximum autonomes pour les rations. Ces dernières se composent à 90-95 % de fumiers et lisiers (soit de 7 500 t/an pour le plus petit projet à 25-28 000 t/an pour le plus important) et à 5 à 10 % de végétal (cultures intermédiaires à vocation énergétique [Cive], surplus fourragers et déchets de silos) notamment l’été, quand les animaux pâturent à l’extérieur.

Avec les aléas climatiques, comment assurer l’alimentation du bétail et l’approvisionnement en intrants du digesteur ?

Au quotidien, la gestion des stocks de matières végétales pour nourrir leurs bêtes est la principale préoccupation des éleveurs. Pour alimenter les méthaniseurs, des stocks de Cive avaient été constitués par anticipation dès 2021. Les rendements ayant été particulièrement bons cette année-là, et très au-delà du prévisionnel, les agriculteurs ont pu exporter vers la méthanisation des excédents de fourrage, une fois leurs propres silos remplis pour l’alimentation des troupeaux. Cette précaution a permis en 2022 de compenser la forte sécheresse : les stocks constitués ont ainsi été intégralement consommés pour pallier le déficit de Cive.

D’autres ressources proviennent d’exploitants proches de la retraite, qui ont arrêté l’élevage et qui dédient les surfaces libérées à la production de méteil (mélange céréales et protéagineux). Cette valorisation des prairies par la méthanisation évite l’enfrichement des parcelles, et permet une ouverture du paysage et une réduction des risques d’incendies.

Les pratiques culturales ont-elles évolué ?

Oui, la mise en place des méthaniseurs a entraîné des modifications de pratiques chez les exploitants agricoles : un allongement des rotations grâce à l’introduction de seigle et de méteil, la pratique du semis direct pour les cultures de printemps qui améliore la vie du sol. Enfin, le recours aux engrais minéraux se réduit grâce au digestat. Par ailleurs, tout le parcellaire ou presque bénéficie désormais d’un retour organique grâce à la dizaine de stockages déportés associés à chaque méthaniseur, là où auparavant seules les parcelles proches de la ferme recevaient du fumier ou du lisier.

Comment se portent les projets, avec la hausse du prix de l’énergie ?

Compte tenu de l’envolée des prix d’achat de l’énergie, les projets de méthanisation ont du mal à survivre. Les perspectives d’amélioration sont faibles pour sortir de la crise, alors même que la productivité des installations est à son optimum grâce à une exploitation très rigoureuse des sites. Sur les Fermes de Figeac, les projets survivent grâce à des différés de facturation, mais cette situation critique ne pourra pas durer éternellement, peut-être quatre à six mois… Les exploitants se démènent pour trouver des solutions.

Des négociations avec le ministère de la Transition énergétique pour obtenir des dérogations sur le tarif d’achat (notamment la prise en compte de l’inflation, à l’image de la filière biométhane) sont engagées, ainsi que des discussions avec la Région Occitanie, l’Agence de l’eau, l’Agence régionale énergie climat (Arec)… sur de possibles soutiens. Il serait incompréhensible de laisser péricliter des unités de méthanisation qui démontrent d’ores et déjà tous les atouts qu’elles apportent aux agriculteurs et au territoire.

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