Décryptage
Agricarbone, un opérateur qui collecte et distribue la biomasse agricole
Depuis un an et demi, cette société s’est spécialisée dans le négoce de biomasse non alimentaire en agriculture. Explications avec Amaury de Souancé, cofondateur d’Agricarbone.
Quel est votre parcours et comment avez-vous eu l’idée de créer Agricarbone ?
Nous sommes deux associés, Simon Peltier et moi-même, à avoir créé cette société en juin 2018. Tous deux ingénieurs agronomes avec des expériences différentes – lui en conseil en systèmes d’information et moi en économie circulaire et quantification de gisements –, nous nous positionnons comme interlocuteur entre des producteurs de biomasse agricole non alimentaire et des industriels (parfois aussi agriculteurs) qui valorisent cette matière.
En quoi est-ce intéressant pour vos clients ?
D’un côté, on a des agriculteurs qui cherchent parfois des matières supplémentaires pour approvisionner leur méthaniseur. De l’autre, des agriculteurs qui ont un gisement de matière valorisable : des pailles, des menues pailles [résidu de la moisson, composé de glumes, glumelles, brindilles de paille, etc., ndlr], des cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive), mais aussi des cultures déclassées comme des surplus de pommes de terre qui pourrissent, du maïs impossible à valoriser en maïs grain car le rendement a été trop faible… Nous sommes un intermédiaire entre ces deux-là : on organise les récoltes (si l’agriculteur souhaite qu’elles soient externalisées), on pilote la logistique (transport), on garantit la qualité… Cela enlève une charge à l’agriculteur, qui n’a pas toujours le temps (et/ou les compétences) de gérer cela. L’idée aussi est de signer des contrats en garantissant par exemple à un agriculteur qu’on va lui prendre toute sa paille une année avant la récolte, même s’il y a des variations de quantité.
L’idée est de faire travailler les acteurs d’un même territoire ?
Tout à fait. Nous voulons développer une bioéconomie territoriale. Les agriculteurs à la recherche de matière nous demandent d’ailleurs la plupart du temps de ne pas dépasser une certaine limite géographique pour l’approvisionnement, ce qui est logique, économiquement, et permet d’optimiser la logistique. Notre objectif est aussi de créer une boucle d’économie circulaire, en permettant le retour au sol des coproduits industriels. Un agriculteur qui vend sa paille pour approvisionner un méthaniseur va aussi dégager une valeur économique qui lui permet de racheter du compost, pour enrichir sa parcelle plus que s’il avait simplement remis sa paille. L’ambition est bien sûr que ce soit économiquement rentable pour les agriculteurs.
Vous accompagnez aussi des porteurs de projet ?
Oui, notamment en méthanisation. On travaille sur les plans d’approvisionnement de l’installation à venir via une étude de disponibilité des gisements, les plans d’épandage… On aide aussi les agriculteurs qui veulent proposer des matières (et qui ne connaissent pas forcément bien la filière des Cive, la valeur des digestats…) à négocier avec des industriels.
Des projets pour la suite ?
Nous travaillons à la création d’une plateforme en ligne qui devrait être disponible début 2020. Elle permettra de faire matcher rapidement les offres et les demandes. Les agriculteurs se créeront un compte et déclareront leurs gisements ou leurs besoins. L’objectif est aussi désormais de davantage démarcher les professionnels pour leur présenter notre travail.