Décryptage
Agrivoltaïsme : « Encore beaucoup de pédagogie à faire »
Alors que 76 % des agriculteurs considèrent le changement climatique comme un défi de taille, l’agrivoltaïsme apparaît dans le top 3 des solutions de protection, mais ses bénéfices sont encore parfois méconnus. C’est ce qui ressort du premier baromètre de la perception de l’agrivoltaïsme en France réalisé par Sun’Agri et l’Ipsos.

Le spécialiste de l’agrivoltaïsme Sun’Agri a dévoilé, au Salon de l’agriculture à Paris, les résultats de son premier baromètre réalisé avec l’institut Ipsos auprès de 695 agriculteurs et de 1 000 citoyens français. « Deux ans après la loi qui l’a fait naître et en pleine émergence de l’agrivoltaïsme, l’objectif est d’analyser les perceptions du monde agricole et des citoyens, les bénéfices attendus et les craintes autour de ce nouvel outil, explique Cécile Magherini, directrice générale de Sun’Agri. Il y a quelques semaines, le mot agrivoltaïsme faisait son entrée dans le dictionnaire. Un signe fort : cette pratique, encore confidentielle il y a dix ans, s’ancre aujourd’hui dans le paysage agricole et énergétique. »
Un complément de revenu
Selon le sondage, 93 % des agriculteurs subissent de plein fouet le dérèglement du climat. La sécheresse a touché un agriculteur sur deux au cours des trois dernières années, suivie par les tempêtes et vents violents (38 %), le gel (28 %), la canicule (24 %) et la grêle (24 %). Les plus sévèrement touchés sont les viticulteurs (57 %) et les arboriculteurs/maraîchers (56 %) qui déclarent avoir perdu plus de 30 % de leur production. « Au global, l’impact de ce climat devenu fou représente une perte moyenne de plus de 20 % de la production agricole », souligne Ipsos. Mais à l’heure où 76 % des agriculteurs considèrent que le changement climatique va fortement impacter leur métier dans les années à venir, « 1 sur 3 ne possède aucune solution de protection climatique », constate Sun’Agri.
Néanmoins, 52 % des agriculteurs (surtout les viticulteurs et arboriculteurs/maraîchers) se déclarent prêts à s’équiper de solutions de protection climatique. 44 % des agriculteurs envisagent l’agrivoltaïsme. Cette technologie arrive en troisième position des solutions d’adaptation climatique envisagées, derrière la sélection variétale et l’irrigation mais devant l’agroforesterie, les filets et les abris. Les principaux bénéfices attendus de l’agrivoltaïsme sont le complément de revenus pour l’exploitant (56 %), l’amélioration de la production agricole (49 %) et l’autoconsommation (43 %). Parmi les principales craintes soulevées par les agriculteurs, la moitié d’entre eux s’inquiète de l’impact paysager négatif et 44 % de l’augmentation des terres artificialisées. Viennent ensuite l’inflation et la spéculation foncière (42 %) et l’apparition de faux projets agricoles (41 %).
Beaucoup de pédagogie à faire
Si deux tiers des agriculteurs se considèrent bien informés sur l’agrivoltaïsme (un tiers ayant déjà visité un site), « de la pédagogie est encore nécessaire auprès du grand public puisqu’un Français sur cinq seulement déclare savoir ce qu’est cette technologie, précise Cécile Magherini. Du côté des agriculteurs, les bénéfices de l’agrivoltaïsme sont encore méconnus puisque moins de la moitié d’entre eux déclarent savoir que cette technologie permet de réduire les besoins en eau des cultures. » Par ailleurs, 39 % seulement déclarent savoir que l’agrivoltaïsme peut permettre d’augmenter les rendements, et seuls 29 % déclarent savoir qu’un projet qui diminue les revenus agricoles est illégal.
« En tant qu’entreprise à mission, notre objectif avec ce baromètre Ipsos – Sun’Agri, est de faire toute la lumière sur l’agrivoltaïsme, technologie d’avenir encore méconnue, dont les bénéfices sont concrets pour protéger les exploitations d’un climat devenu fou, explique Cécile Magherini. Grâce à nos installations agrivoltaïques intelligentes, il est possible aujourd’hui de sécuriser et d’améliorer les rendements agricoles, de mieux valoriser la production et de réduire le besoin en eau. Les résultats de ce baromètre nous encouragent à poursuivre cette démarche de pédagogie et de co-construction. Car l’agrivoltaïsme ne doit pas être imposé, il doit être compris et partagé. D’autant que ce dernier bénéficie d’une opinion publique favorable. » En effet, selon le sondage, 61 % des Français auraient une réaction positive si un projet agrivoltaïque voyait le jour dans leur commune ou une commune avoisinante.