L'info du mois
Agrivoltaïsme : les agriculteurs se structurent
La toute nouvelle Fédération française des producteurs agrivoltaïques défend un modèle où la production agricole reste prioritaire et où les projets agrivoltaïques, multiples, répondent aux besoins de chaque terroir.
Lancée le 3 décembre 2021, la Fédération française des producteurs agrivoltaïques (FFPA) rassemble des associations d’agriculteurs et des agriculteurs particuliers qui se sont engagés dans un tel projet. Une fois les statuts créés et l’embauche d’un salarié chargé de développement et de communication actée en mai 2022, la Fédération a pu se déployer. Elle représente aujourd’hui plus de 1 000 agriculteurs agrivoltaïques à travers 28 associations, qui font partie de la cinquantaine d’adhérents. Des développeurs, des cabinets de conseil, EDF Renouvelables, la chambre d’agriculture et le Crédit agricole d’Aquitaine sont également adhérents. « Nous nous sommes fédérés car nous souhaitions partager nos parcours, nos difficultés, confronter nos expériences, explique Alexandre Bardet, agriculteur dans l’Yonne et président de la Fédération. Nous avons les mêmes valeurs concernant la pratique de l’agrivoltaïsme qui ne peut se faire sans donner la priorité au foncier agricole et à la production agricole, qui doit se suffire à elle-même. Le statut agricole des terrains doit être maintenu et la non-artificialisation des sols assurée. Le projet agrivoltaïque doit répondre à un besoin spécifique tel que des aléas climatiques, des sols peu fertiles… tout en diversifiant et en sécurisant des productions agricoles et donc des sources de revenus pour les exploitants. En pérennisant les exploitations, leur transmission est aussi facilitée. »
Atelier agricole viable
Alexandre Bardet, membre d’un collectif de douze agriculteurs réunis au sein de l’association Champs solaires nucériens depuis juin 2021 appuie ses propos par le partage de sa propre expérience. « Nous sommes douze agriculteurs répartis sur neuf exploitations avec presque autant de projets agrivoltaïques différents, raconte-t-il. Pour ma part, j’ai réintroduit un élevage d’ovins sur des terres à faible potentiel agronomique sous panneaux. D’autres collègues ont créé un atelier poulets de chair, une production de plantes aromatiques, une truffière… L’atelier agricole est à chaque fois viable seul, mais le revenu stable issu des panneaux photovoltaïques permet de sécuriser le chiffre d’affaires, d’apporter de la valeur et de la résilience, et peut permettre ainsi l’embauche de salariés par exemple. » La conviction des agriculteurs de la FFPA est qu’il n’existe pas un seul modèle agrivoltaïque, « mais bien plusieurs formes d’agrivoltaïsme, toutes complémentaires et qui répondent à la réalité du terrain et de ses besoins ». Pour défendre cette vision de l’agrivoltaïsme, différents collèges sont créés au sein de la Fédération (associations, exploitants agricoles, acteurs professionnels dont l’activité est liée à l’agrivoltaïsme, citoyens qui souhaitent soutenir la transition énergétique) et des groupes de travail se sont mis en place. Le premier, qui s’est réuni en septembre, définit « les priorités que le projet de loi pour accélérer les énergies renouvelables doit prendre au compte. Dans le contexte actuel de hausse des prix de l’énergie, il faut aller vite », presse le président.