Entretien

Aquaponie, transition agricole raisonnée

Les travaux de terrassement ont débuté mi-novembre chez Benoît Bardon, maraîcher dans le Beaujolais vert (Rhône). Entre sa maison bardée de douglas, ses champs de navets et ses serres, il installe cet hiver des bassins destinés à accueillir une production hydroponique originale, inspirée de l’aquaponie.

PAR CHRISTEL LECA - NOVEMBRE 2020
Benoît Bardon, maraîcher dans le Beaujolais vert. ©CLECA

C’est une transition raisonnée pour ce maraîcher, installé à Claveisolles, dans le Rhône, depuis 2003. Plusieurs facteurs guident sa décision : le changement climatique qui se traduit par des sécheresses récurrentes depuis plusieurs années et un bassin de rétention tari de plus en plus tôt dans la saison, décuplant sa consommation d’eau de ville (350 m³ en six mois sur sa dernière facture). Il s’interroge aussi sur la durabilité de son modèle productif qui repose principalement sur ses capacités physiques. Son assurance retraite lui garantira-t-elle un revenu décent avant un âge canonique ? Jusqu’à quand sera-t-il contraint de travailler et dans quelles conditions physiques ? Fort de ces réflexions, Benoît Bardon a suivi à l’automne 2019 un stage d’initiation dans une ferme aquaponique bordelaise et en est revenu éberlué par les rendements annoncés : « mille mètres carrés sous serre produisent une tonne de poissons et 20 tonnes de légumes par an, alors que je peine, sur un hectare, à sortir cinq tonnes de légumes en courant dans tous les sens ! Et les économies d’eau peuvent aller jusqu’à 95 % par rapport à une exploitation traditionnelle. » Cependant, Benoît Bardon hésite. Investir lourdement dans un système clé en mains ou trouver une alternative adaptée à son terrain et à sa philosophie, plus proche de la frugalité que de l’innovation technologique ?

Sécuriser les revenus

La seconde option l’emporte et les poissons disparaissent de son projet. À leur place, des poules. Ce sont leurs fientes, récupérées sur le sol de leur enclos, qui alimenteront les bassins où les cultures reposeront sur des flotteurs, les racines directement dans l’eau. Une eau en circuit fermé, dont l’évaporation sera limitée par la couverture végétale. « Les poules sont des auxiliaires de nettoyage des parcelles et des régulatrices pour les insectes. Leurs fientes enrichissent le sol. Une partie de ces nutriments filtrés viendra alimenter mes bassins. » D’un point de vue énergétique, la consommation d’électricité sera supérieure, avec le fonctionnement de pompes pour le circuit d’eau, son oxygénation et l’analyse de ses composants chimiques. Quelques panneaux photovoltaïques installés sur le toit de sa cave pourraient produire le nécessaire. « Mais, insiste-t-il, mon énergie physique sera préservée, comme mon confort de travail et la sécurité de mes revenus, sans oublier que je n’aurai plus à lutter contre les parasites, ni de pertes à cause des campagnols et des doryphores… Et puis, cette transition est impérative : soit je m’adapte, soit je ne tiendrai pas longtemps. » Un pari fou ? L’investissement, évalué par Benoît Bardon à 50 000 euros pour 200 m² de bassins sous serre, sera financé par un prêt bancaire, même si le maraîcher compte trouver des alternatives pour réduire ce budget. Il s’intéresse par exemple à un système d’aération de l’eau sans pompage. L’avenir montrera si tomates et salades poussent à la hauteur de ses espérances : « dix fois mieux », a-t-il calculé.

Aquaponie ?

C’est la contraction d’aquaculture et d’hydroponie (culture dans l’eau enrichie en nutriments), c’est-à-dire l’association de l’élevage de poissons et de la production de végétaux dans un circuit fermé d’eau. Les animaux s’y alimentent et défèquent des nutriments dont les cultures se nourrissent en épurant le milieu aquatique.

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