Retour d'expérience
Bio-GNV : une station-service créée par des agriculteurs
Être producteur, méthaniser ses résidus agricoles et vendre le biométhane dans une station-service. Pour Adrien Perrier et Jean-Baptiste Couteau, la boucle est bouclée.
![](https://www.clesdelatransition.org/wp-content/uploads/2019/11/Adrien-Perrier-©Aude-Fabre-300x225.jpg)
Adrien Perrier, 21 ans, est agriculteur à Ognes, dans la Marne, et passionné par la méthanisation. Après une formation pour devenir chef d’unité à Bar-le-Duc (Meuse), il se lance avec quatre associés dans le projet de création d’un site de méthanisation. La construction débutera début 2020, pour une injection dans le réseau prévue en 2021. Mais il ne compte pas s’arrêter là : il projette d’ouvrir une station-service de bio-GNV, du gaz naturel véhicule issu de la méthanisation, avec un autre associé, Jean-Baptiste Couteau, agriculteur également. Elle devrait voir le jour en 2021 à Connantre, sur la N4, entre Châlons-en-Champagne et Sézanne dans la Marne, tout près de la sucrerie Tereos et de son trafic routier. « L’objectif est de parvenir à un cercle vertueux en étant à la fois agriculteurs, transformateurs grâce à la méthanisation et fournisseurs d’énergie avec le bio-GNV », explique Adrien Perrier.
30 camions pour être rentable
« Pour rentabiliser l’investissement de 1,5 million d’euros, il faudrait que 30 camions roulant chacun 80 000 km/an fassent le plein à la station », ont évalué Adrien Perrier et Jean-Baptiste Couteau. Pour arriver à cet objectif, les deux jeunes agriculteurs ont enfilé leur casquette de commerciaux et démarchent les collectivités, transporteurs et entreprises locales. Parmi les avantages non négligeables du bio-GNV que vantent les agriculteurs : le bilan carbone quasi nul car le CO2 émis à l’arrière du véhicule est presque compensé par celui absorbé par les végétaux qui sont ensuite méthanisés, et les moindres émissions de particules fines par rapport aux véhicules essence ou diesel. Ce qui permet d’arborer la vignette Crit’Air 1 et ainsi de circuler librement lors de pics de pollution, ainsi que dans les zones à faible émission, qui concernent de plus en plus de centres-villes.
L’argument économique pèse également : avec une même consommation au kilomètre, le bio-GNV est vendu environ 1,05 € HT/kg, contre 1,15 € HT/l pour le gasoil. « Et même si à l’achat, le camion qui roule au GNV est plus cher d’environ 25 %, des aides existent et sur le long terme, l’investissement est rentable », estime Adrien Perrier. Pour convaincre de plus en plus de transporteurs, les agriculteurs envisagent également de réaliser un maillage territorial de stations-service dans la Marne, pour que les camions puissent se ravitailler sur leur parcours sans faire de détour.
Comment ça marche ?
Le biogaz issu de la méthanisation est épuré puis injecté dans le réseau de gaz (géré par GRDF au niveau de la distribution et GRTgaz au niveau du transport). Il est payé à l’agriculteur à un tarif fixé par l’État qui doit être revu début 2020. Chaque mégawattheure de biométhane injecté engendre l’émission d’une « garantie d’origine » qui permet de le distinguer du gaz naturel et d’assurer la traçabilité « verte » pour le client. La station-service de bio-GNV de Connantre achètera donc du gaz provenant du réseau via ce système de garanties d’origine. A noter, un véhicule fonctionnant au GNV peut donc indifféremment s’approvisionner en bioGNV ou en GNV.