Le tour de la question

Comment monter une unité de méthanisation en commun ?

À Tennie, dans la Sarthe, dix exploitants se sont associés pour construire une unité de méthanisation agricole. Inaugurée en septembre 2022 et alimentée uniquement par des intrants agricoles, celle-ci injecte actuellement 200 m3/h de biométhane dans le réseau.

PAR ARNAUD WYART - JANVIER 2023
Unité de méthanisation de Tennie. ©BMGC-GRDF

Le projet de Tennie a été lancé en 2018. À l’époque, Vincent Blanche, lui-même agriculteur, réfléchissait depuis quelques années à la méthanisation pour valoriser les déchets agricoles locaux. Lorsqu’il présente l’idée d’un méthaniseur à dix autres exploitants, ceux-ci adhèrent immédiatement. Jusqu’alors, leurs lisiers et fumiers étaient en effet stockés en fosse ou dans les champs. En outre, le gaz qui s’en échappait était nocif pour la couche d’ozone.

« Pendant trois ans, nous nous sommes rencontrés toutes les semaines, au moins deux ou trois heures, voire des journées entières. L’idée commune consistait à développer un projet sans impacter nos exploitations », explique Vincent Blanche, président de BMGC (Bio Metha Gaz Conlinoise). Pour se former à ce nouveau métier, les agriculteurs ont été accompagnés par la chambre d’agriculture de la Sarthe, puis ils se sont rapprochés du Centre de formation Mayenne Sarthe (Cerfrance) qui dispose d’une expertise sur ce type de projets. « Ils nous ont fait une proposition de formation, puis nous ont orientés vers des intervenants spécialisés dans les domaines pour lesquels il nous fallait monter en compétence (agronomie, méthanisation, etc.) ».

Susciter l’adhésion

Le collectif a ensuite créé la société d’économie mixte (SEM) BMGC pour investir dans le projet. Le montage financier a nécessité un an et demi de travail, notamment pour valider avec GRDF l’injection du biométhane dans le réseau. La sélection du constructeur a également été décidée en fonction de critères très stricts. « Nous avons rédigé un cahier des charges contraignant, car le constructeur assure aussi la maintenance du site et le suivi biologique. Or, il existe par exemple des bactéries qui participent à la dégradation de la matière et qu’il ne faut pas déstabiliser. » 

Le site de l’unité, lui, a été identifié très tôt. Appartenant à l’origine à Vincent Blanche et revendu à BMGC, il présente l’avantage d’être éloigné des villages, ce qui évite leur traversée par des camions et la levée de boucliers de la part des riverains. En outre, la SEM a étudié l’intégration paysagère et planté 800 arbres. « Lorsque nous avons déposé la demande de permis de construire, l’administration nous a également aidés à choisir les bonnes couleurs pour les dômes de bardage ».

Parallèlement, les agriculteurs ont discuté avec les élus locaux, dès le démarrage du projet, dans le but de sensibiliser la population et d’expliquer leur démarche. « Une réunion publique a notamment été organisée, un an avant les travaux, avec les communes voisines, mais aussi des associations telles que Sarthe Environnement qui sont également venues à l’inauguration. »

Quelles retombées pour les agriculteurs ?

Dans son business plan, la SEM avait estimé la durée du retour sur investissement à environ 7-9 ans, en fonction des intrants qui proviennent des dix exploitations (fumiers, lisiers, déchets verts, etc.). Ceux-ci sont évalués à 22 000 tonnes par an et permettent normalement à l’unité d’injecter 150 m3/h de biométhane dans le cadre du contrat signé avec GRDF. Néanmoins, en raison de la guerre en Ukraine, GRDF a demandé à BMGC de produire plus de gaz, soit 200 m3/h. « Pour aller au-delà de 150 m3/h, l’unité bénéficie actuellement de stocks issus d’essais, mais nous ne pourrons pas tenir ce rythme très longtemps, par manque d’intrants ».

Ainsi, la SEM espère collaborer à terme avec les communes voisines dans le but de valoriser les biodéchets des particuliers et ainsi augmenter la quantité de matière à traiter. Le digestat obtenu après méthanisation, lui, est utilisé dans les plans d’épandage des exploitations et devrait permettre aux agriculteurs d’économiser cette année entre 15 et 20 % d’engrais. Le collectif s’est par ailleurs équipé d’une machine plus légère et permettant d’épandre plus tôt, ainsi que d’une canalisation de 6 km pour desservir les parcelles. « Cela nous permet d’éviter les grosses charges qui abîment les champs, mais aussi de beaucoup moins emprunter les routes avec les tracteurs. »

Financement de l’unité

Le budget de l’unité s’élève au total à 6,9 millions d’euros. La SEM a obtenu une aide de 588 000 euros de l’Ademe et de la Région. Les dix agriculteurs associés ont quant à eux apporté un million d’euros en capitaux propres. Le reste du financement provient de prêts bancaires.

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