Entretien

Concevoir des projets photovoltaïques et éoliens à moindre impact

L’Ademe a lancé en mai dernier un outil permettant aux porteurs de projet et aux collectivités d’évaluer précisément les impacts environnementaux liés à l’implantation de centrales photovoltaïques au sol et de parcs éoliens terrestres. Baptisé CAT’EnR, il vise à les aider dans leur prise de décision. Explications avec Thomas Eglin, coordonnateur du pôle Sols, paysages et impacts environnementaux de l’Ademe.

PAR ARNAUD WYART - OCTOBRE 2025
Thomas Eglin, coordonnateur du pôle Sols, paysages et impacts environnementaux de l’Ademe. ©Emmanuel Fradin

Dans quel contexte a été créé l’outil CAT’EnR ?

Thomas Eglin : Auparavant, les bilans carbone des centrales photovoltaïques et éoliennes ne considéraient pas l’impact sur les stocks présents dans la végétation et les sols des sites d’implantation. Or on sait que dans certains milieux, notamment forestiers, ces stocks sont très importants. Une libération totale du carbone entraîne donc des émissions qui vont s’ajouter au bilan du projet (fabrication des panneaux ou des éoliennes, installation, etc.) et qui peuvent être du même ordre de grandeur.

Quel est son objectif ?

T. E. : L’objectif est que les développeurs et les bureaux d’études prennent bien en compte cet impact carbone dans la conception des projets, en particulier en ce qui concerne le choix des sites d’implantation. Les milieux dits dégradés (des friches industrielles, de grandes cultures, etc.) sont par exemple plus intéressants que les milieux riches en carbone pour limiter l’impact. Grâce à ce nouvel outil, les porteurs de projet peuvent aussi définir des mesures visant à réduire les émissions de carbone des autres phases du projet (chantier, exploitation et démantèlement). Si un projet compte plusieurs sites potentiels, CAT’EnR va calculer les différents résultats afin de faciliter la prise de décision. Pour les entreprises spécialisées et les collectivités, cela offre la possibilité d’objectiver l’intérêt d’une centrale et de rationaliser leur discours avec des chiffres précis.

Pourquoi y avez-vous intégré la biodiversité ?

T. E. : Nous ne souhaitions pas décorréler les stocks de carbone de leurs écosystèmes. En implantant une centrale, on peut préserver les habitats et le stockage du carbone, ou les impacter négativement. L’outil en tient compte. Un projet peut d’ailleurs s’avérer bénéfique. En cas d’implantation sur un milieu dégradé tel qu’une friche industrielle, il peut y avoir un intérêt à transformer le site, par exemple en prairie sous panneaux. Les sols vont être reconstitués et la végétation va pousser, ce qui se traduira par la création de nouveaux stocks de carbone. Il est également possible de passer en prairie équipée de modules verticaux, mais les panneaux surélevés sont préférables pour favoriser la reprise végétale.

Comment fonctionne l’outil ?

T. E. : Il suffit de saisir des données (commune d’accueil, type d’occupation des sols, pratiques de gestion, etc.) relatives à chaque projet d’implantation. Concernant la partie carbone, aucune mesure n’est nécessaire. Nous fournissons des valeurs par défaut en fonction des principaux milieux via l’outil Aldo. Celles-ci sont disponibles dans un fichier à part (lire encadré). Elles doivent être insérées dans CAT’EnR via l’onglet « pré-requis » afin d’être prises en compte pour l’ensemble des calculs.

Pour le calcul du bilan carbone, l’onglet « Caractéristiques » (design de la centrale, description des emprises de l’installation – fondations, panneaux photovoltaïques, espaces entre les rangées de panneaux, parties défrichées, etc.) est le plus important. Il est associé à une occupation des sols (forêt, prairie, terrain agricole, zone humide, etc.) à laquelle correspond un stock de carbone de référence. On peut ainsi calculer la différence de bilan entre l’état initial du site et l’état final, après installation. Les autres onglets permettent de définir les mesures de réduction de l’impact carbone qu’il est possible de mettre en œuvre : stratégie de protection des sols, reboisement, etc.

Quels sont les premiers retours des utilisateurs ?

T. E. : Nous avions lancé une version bêta de CAT’EnR en 2024 auprès de bureaux d’études et de développeurs. Certaines entreprises l’ont déjà utilisé pour mettre en avant le gain carbone de leurs installations. Globalement, les premiers retours sont positifs. Toutefois, l’outil n’est pas rendu obligatoire par les services instructeurs pour le moment, sauf en cas de débat local important. Le bilan carbone réel des projets, en fonction des différents milieux, constitue pourtant un enjeu majeur en zone rurale, y compris pour faciliter leur acceptabilité.

En savoir plus

Pour en savoir plus sur la méthodologie et les enjeux, télécharger gratuitement l’outil CAT’EnR, ainsi que le guide d’utilisation et les données carbone issues d’Aldo, les développeurs, les bureaux d’études et les collectivités peuvent se rendre ici.

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