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Déchets verts : comment les valoriser dans les exploitations agricoles ?
Source de matière organique, les déchets issus des tontes, de tailles ou encore d’élagages peuvent être utilisés de diverses manières par les agriculteurs. Le Civam Paca vient de publier un guide à ce sujet. Explications.
Quels sont les avantages des déchets verts ?
Les déchets verts permettent d’augmenter le stock de carbone dans les sols. « Plus on apporte de la matière organique, plus les sols auront un potentiel de fertilité important », explique Florian Carlet, animateur du Civam en région Paca, qui a mis en ligne, fin 2019, le guide « Valoriser les déchets verts à la ferme », à destination des agriculteurs et des collectivités. « Dans notre région souvent touchée par la sécheresse, les agriculteurs cherchent des solutions pour maintenir l’humidité de leurs sols : l’utilisation des déchets verts en est une. » Ainsi, dans le guide, un céréalier précise que ses sols sableux ruissellent moins et un maraîcher remarque que les siens se réchauffent moins rapidement. « Le broyat ramène bien sûr de la biodiversité dans les sols, il y a donc un questionnement sur ce qu’on inocule. Pour le moment, aucun agriculteur ne nous a indiqué le développement d’une maladie problématique, et les maraîchers disent au contraire un sol plus résilient, avec une pression moindre des ravageurs. »
Pour quels agriculteurs ?
« Dans notre région, ce sont principalement des agriculteurs bio, maraîchers, producteurs d’aromatiques ou céréaliers. Mais on remarque que de plus en plus de paysans conventionnels, notamment des viticulteurs, s’y intéressent car le constat est le même pour tous : des sols pauvres et des pluies plus hétérogènes, précise Florian Carlet. Nous avons par ailleurs peu d’élevages, donc peu accès à de la matière organique. Les déchets verts sont donc une alternative, même si de moindre intérêt que le fumier. »
Quels sont les avantages des déchets verts ?
Trois méthodes se distinguent :
– Le paillage, notamment utilisé par les maraîchers et producteurs d’aromatiques. « Le broyat doit être fin pour une décomposition qui ne laisse pas de gros copeaux gênants pour certains semis », estime Florian Carlet.
– L’incorporation dans le sol, pour les grandes surfaces. Il faut être certain que le sol a un stock d’azote, incorporer le broyat et mettre au repos la parcelle. « Certains maraîchers utilisent aussi cette technique en retournant le broyat sur 15/20 centimètres, avec parfois un semis d’engrais vert dans la foulée », développe-t-il.
– Le compostage. Une solution pour que les andains soient maintenus humides est nécessaire pendant plusieurs mois pour une montée à température qui garantisse une hygiénisation vis-à-vis des graines d’adventices.
Les inconvénients ?
« À court terme, si les déchets verts sont utilisés dans un sol très pauvre, on peut remarquer un phénomène de faim d’azote. Le sol pauvre met du temps à décomposer la matière. Souvent, une phase de tâtonnement de quelques années permet d’arriver à un itinéraire technique cohérent sur sa ferme et des résultats significatifs, moyennant néanmoins du temps de manutention et du matériel », détaille Florian Carlet.
Comment se fournir ?
L’auteur du guide met en garde : « Il est important de créer des partenariats entre des groupes d’agriculteurs – il ne faut pas le faire de manière indépendante –, et les collectivités, qui pourront ainsi être à même de fournir du broyat régulièrement. »