Stratégie

Des crédits carbone pour aider la transition agricole

Dans les Côtes d’Armor, la transition de l’agriculture reçoit un coup de pouce via le dispositif des crédits carbone. Un partenariat entre France Carbon Agri et le Crédit agricole du département prévoit la livraison de 5 000 tonnes de crédits carbone en 2026. La mise en œuvre de pratiques moins émissives dans les exploitations sera récompensée à hauteur de 30 € HT par tonne de carbone non émise.

PAR ARNAUD WYART - MAI 2022
En matière d’élevage bovin, les émissions de CO2 sont surtout liées au méthane généré par les exploitations (50 % des émissions), à la gestion des effluents (20 %) et à fertilisation azotée (10 à 15 %). ©France Carbone Agri

Le mécanisme des crédits carbone se met en place à travers de plus en plus de projets (lire encadré). Dans le cadre d’un marché volontaire, France Carbon Agri et le Crédit agricole des Côtes-d’Armor ont signé en 2020 un partenariat dans le but de reconnaître et de rémunérer les actions mises en place par les éleveurs costarmoricains pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de leurs exploitations (le secteur agricole représente globalement environ 20 % des émissions nationales). En janvier 2020, l’association avait en effet lancé un premier appel à projets pour permettre aux éleveurs volontaires de s’engager à mener la transition de leurs modèles agricoles. Dans ce cadre, le partenariat prévoit la vente, au Crédit agricole des Côtes-d’Armor, de 5 000 tonnes de crédits carbone (CO2) en 2026, après une période de cinq ans. Du côté des agriculteurs, les actions qu’ils ont mises en place sont rémunérées 30 € HT par tonne de CO2 évitée (1). Cette rétribution sera versée par la caisse régionale du Crédit agricole à France Carbon Agri qui la reversera ensuite aux éleveurs. « Nous avons réalisé un premier diagnostic en 2020 afin de connaître la situation initiale des exploitations. Cela a permis aux éleveurs de mettre en place des plans d’action adaptés. Une deuxième visite sera effectuée en 2022 pour s’assurer que les plans sont bien mis en œuvre. Enfin, nous ferons un nouveau bilan carbone en 2025 pour mesurer les baisses des émissions en cinq ans. Près de 300 producteurs ont répondu au premier appel à projet et 960 se sont mobilisés pour le second. En termes de rémunération, il faut tabler en moyenne sur la vente de 500 tonnes de crédits carbone par exploitation, soit 15 000 €. Il s’agit d’un revenu limité, mais cela permet de financer quelques investissements, de débloquer certains leviers et d’être récompensé pour la réduction des émissions de CO2 », explique Catherine Brocas, responsable de projet chez France Carbon Agri.

Réduire la consommation d’énergie

En matière d’élevage bovin, les émissions de CO2 sont surtout liées au méthane généré par les exploitations (50 % des émissions), à la gestion des effluents (20 %) et à fertilisation azotée (10 à 15 %). De son côté, la consommation d’énergie (carburant et électricité) ne représente qu’une faible part des émissions de CO2 (environ 5 %). Les actions mises en œuvre dans ce domaine permettent de faire baisser faiblement celles-ci, mais la transition des pratiques offre aux agriculteurs des leviers pour réduire leur consommation et ainsi leurs coûts de fonctionnement. « Il s’agit d’un autre indicateur d’impact environnemental et cela reste intéressant de le prendre en considération. Dans le cadre du partenariat et de notre méthodologie, nous mesurons en effet l’évolution des factures énergétiques. À ce titre, les projets d’autoconsommation (photovoltaïque, cogénération de chaleur pour le séchage, etc.) sont pris en compte car ils permettent de réduire les achats d’énergie. L’injection d’électricité ou de biogaz, elle, ne rentre pas encore dans le périmètre, mais certaines méthodologies réfléchissent à l’intégrer », indique Catherine Brocas. Afin de réduire leurs factures d’électricité, les éleveurs peuvent d’ailleurs opter pour des mesures plus accessibles, notamment pour ce qui concerne les bovins, premier poste de consommation, dans la salle de traite, avec le  refroidissement du lait, le nettoyage du matériel, etc. « On peut citer l’installation d’un récupérateur de chaleur, d’un prérefroidisseur ou d’un chauffe-eau plus performant. Pour diminuer leur consommation de carburant, les éleveurs ont également la possibilité de mettre en place une conduite économique des tracteurs, un entretien et un réglage plus poussé des tracteurs, le passage au semi-direct qui consiste à réduire le nombre de passages des tracteurs sur les cultures, le développement du pâturage, voire des échanges de parcelles lorsque cela est possible », précise Catherine Brocas.

(1) Baptisée Carbon Agri et approuvée par le ministère de la Transition écologique, la méthodologie de suivi des réductions d’émissions des élevages ovins et des grandes cultures est conforme au label bas-carbone français.

Compensation carbone

Initiés dans les années 90 à la suite du protocole de Kyoto, les crédits carbone sont un mécanisme de financement destiné à encourager les projets de décarbonation. D’un côté, des porteurs mettent en œuvre des projets permettant de réduire les émissions liées à leur activité. De l’autre, des acteurs volontaires (entreprises, particuliers, collectivités) achètent les crédits carbone, ce qui permet de financer ces projets in fine. Pour les entreprises, il s’agit souvent d’une initiative permettant de compenser leurs propres émissions. En France, ce mécanisme est encadré par le label bas-carbone, lancé en 2019, et la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC).

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