Entretien

Des mesures pour éloigner le goéland cendré des éoliennes

Escofi et WPD onshore France se partagent l’exploitation des quinze éoliennes du parc du Chemin d’Avesnes, dans le Nord. Depuis 2018, ils ont mis en place une mesure de préservation des goélands cendrés, avec des cultures favorables à leur alimentation. Bilan avec Camille Bruno, responsable d’études environnementales de WPD et Léa Siami, ingénieure écologue d’Escofi.

PAR CAROLE RAP - AVRIL 2024
Parc éolien du Chemin d’Avesnes en région Hauts-de-France. ©Escofi

Pourquoi une mesure en faveur des goélands cendrés ?

Léa Siami : Il s’agit d’une espèce protégée qui compte très peu de couples reproducteurs en France : entre 20 et 26 couples dans notre pays en 2013. Une vingtaine sont répartis sur sept sites de reproduction identifiés dans le département du Nord. En 2014, deux à trois couples nichaient sur le toit d’une usine à près de 2 km du futur parc éolien. L’objectif était de renforcer cette reproduction locale et d’éviter qu’ils soient attirés du côté des éoliennes (onze éoliennes sont en service depuis 2019 et quatre depuis 2023, pour un total de 51,6 MW, ndlr).

Camille Bruno : Il fallait faire en sorte de créer des zones d’alimentation attractives loin du parc, pour éviter des collisions avec celui-ci. Une zone de nourrissage des goélands cendrés a pris place à environ 800 mètres de la zone de nidification, sachant qu’ils préfèrent se nourrir au plus proche de leur nid, donc loin des éoliennes. Dans l’étude d’impact, nous avions pour obligation de préserver 10 hectares de cultures favorables à l’alimentation des goélands cendrés. Nous avons signé une convention avec un agriculteur local pour 60 ha, soit 50 de plus que prévu.

Qu’est-ce qu’une culture favorable au goéland cendré ?

L. S. : Les goélands cendrés mangent de tout : petits mollusques et invertébrés, restes de graines tombées à terre. Il s’agit donc de maintenir le plus souvent possible sur l’année un couvert végétal bas pour leur permettre de s’y alimenter. Il est ainsi intéressant de semer des espèces de hauteurs différentes, de sorte qu’ils aient constamment une parcelle attractive pour se nourrir.

C. B. : Nous avons mis en place quatre types de culture : de la betterave, du blé, des fèves et de la luzerne, répartis de façon homogène sur les 60 ha. Ces cultures favorables changent en fonction de la hauteur et des récoltes. Début avril par exemple, le goéland cendré n’utilise que la betterave ; en juin il la délaisse pour aller vers la luzerne. En août, il va se diriger vers les champs de blé moissonnés. En effet, il se nourrit des insectes et des vers qui apparaissent quand on retourne le sol.

Comment se passe la relation avec l’agriculteur ?

L. S. : La convention porte sur la durée d’exploitation du parc. Nous avons établi un cahier des charges en partenariat avec le bureau d’études Biotope. Chaque année, nous demandons à l’agriculteur quel sera son assolement pour l’année suivante, c’est-à-dire la répartition des cultures sur les 60 hectares. Il sait quels couverts végétaux nous privilégions : luzerne, fèves, betterave, blé, pommes de terre. Nous le laissons les mixer comme il préfère. Jusqu’à présent, nous avons toujours validé ses choix.

C. B. : L’objectif est de mixer les cultures basses et hautes sur la période de reproduction du goéland cendré, c’est-à-dire entre avril et fin août. L’agriculteur perçoit une compensation financière annuelle pendant la durée d’exploitation du parc.

Quels résultats avez-vous constatés ?

L. S. : La mesure est très efficace. On est passé de deux à dix couples nicheurs entre 2014 et 2022. Avec Biotope, nous avons suivi leurs déplacements. La grande majorité de ces trajets reste ciblée autour de la zone d’alimentation.

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