Stratégie
Deux nouveaux démonstrateurs agrivoltaïques en Nouvelle-Aquitaine
La Région Nouvelle-Aquitaine et Engie Green ont signé deux conventions de subvention pour la mise en place de démonstrateurs agrivoltaïques. L’objectif consiste à mesurer l’impact agronomique des panneaux bifaciaux installés en position verticale et celui des panneaux fixes sur ombrières.
Dans le cadre de sa nouvelle feuille de route écologique Néo Terra 2, la Région Nouvelle-Aquitaine s’est engagée à encourager le développement de l’agrivoltaïsme. Cette orientation stratégique s’est traduite concrètement en 2020 par le lancement d’un appel à projets dédié. « Ce dispositif de soutien a pour objectif d’expérimenter des solutions photovoltaïques innovantes sur des cultures ou élevages existants afin de lutter contre les aléas climatiques (adaptation de l’agriculture au changement climatique), puis de diffuser celles qui sont performantes », explique Alain Rousset, président de la Région.
L’initiative a permis de financer de nombreuses études et des systèmes de suivi des résultats. Vingt-sept dossiers ont déjà été accompagnés. Différents critères (inclinaison des panneaux, orientation, espacement, hauteur, etc.) ont été étudiés dans le but de répondre aux besoins de lumière et/ou d’ombrage selon la saison, aux enjeux de récupération et de stockage de l’eau de pluie ainsi qu’à la gestion de l’irrigation. « L’innovation ne réside pas seulement dans les technologies photovoltaïques (panneaux semi-transparents, trackers, panneaux verticaux, etc.). Elle concerne aussi l’adaptation spécifique de ces technologies aux cultures et aux élevages. »
Des projets innovants
En 2023, Engie Green France a sollicité la Région pour participer à l’expérimentation avec deux projets d’études de faisabilité : le projet Georgelet, sur de la polyculture à Villemain (Deux-Sèvres) et le projet Wymm, sur de la myrtille à Lanton (Gironde). Les deux dossiers d’études préalables ont reçu des financements à hauteur de 57 800 euros pour un budget total d’études de 115 650 euros. « Compte tenu des résultats probants des études, Engie Green souhaite maintenant passer aux investissements de ces deux projets, et sollicite actuellement une aide de la Région à ce sujet », indique Alain Rousset.
Ces projets ont en effet particulièrement retenu l’attention de la collectivité pour leur caractère innovant. Pour le projet Georgelet, il s’agit d’implanter des panneaux bifaciaux en position verticale, ce qui permettra de former une haie artificielle suffisamment espacée pour laisser passer les matériels agricoles et protéger la biodiversité. Concernant le projet Wymm, l’innovation repose sur l’installation d’ombrières fixes ombrageant les cultures lors des pics d’ensoleillement en plein été tout en laissant passer la lumière le reste du temps, essentielle à la croissance de la plante.
Nourrir la stratégie régionale
Les deux installations, qui afficheront chacune une puissance de 100 kW, nécessitent des investissements globaux estimés respectivement à 500 000 € et 450 000 € environ. De son côté, l’aide régionale porte uniquement sur le surcoût d’adaptation agrivoltaïque par rapport à une centrale au sol. « Le surcoût oscille entre 30 et 60 % des investissements selon le degré d’adaptation. La technologie de production s’amortit quant à elle avec le tarif d’achat de l’électricité », précise Alain Rousset. Les campagnes de mesures s’étaleront sur trois ans pour les deux projets. Elles permettront d’alimenter un bilan qualitatif et quantitatif, en particulier sur les réalisations techniques, les itinéraires culturaux, ou encore les impacts sur l’environnement.
« Disposer de ces retours d’informations serait précieux pour accroître notre niveau de connaissance sur l’agrivoltaïsme, mieux qualifier les futurs projets et affiner notre doctrine régionale. À ce titre, la Région anime un groupe de travail avec la chambre régionale d’agriculture, la Draaf [Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt], l’Ademe, l’Inrae [Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement] et Bordeaux Sciences Agro. » Initialement prévues au printemps 2025, les mises en service des installations ont toutefois été retardées en raison des nouvelles contraintes budgétaires pesant sur les collectivités.