Stratégie
Développer localement un parc éolien
Dans la commune d’Andouillé-Neuville, en Ille-et-Vilaine, un projet éolien repose sur un partenariat public, privé et citoyen. Contactée en amont par des développeurs, la mairie a en effet préféré prendre la main et elle s’est entourée d’acteurs locaux afin que le parc soit conçu par et pour le territoire.

En 2022, la mairie d’Andouillé-Neuville (Ille-et-Vilaine), ainsi que des agriculteurs et des propriétaires de terrain ont été contactés par plusieurs développeurs qui souhaitaient installer un parc éolien sur la commune. Ne souhaitant pas que le projet soit porté à 100 % par un acteur privé, la mairie a décidé d’informer la SEM Energ’IV du syndicat d’énergie SDE35, afin que celle-ci l’aide à piloter le projet.
« Nous encourageons les collectivités du territoire dans ce sens, explique Jennifer Ramsay, chargée de concertation chez Energ’IV. Dès qu’un acteur privé entre en relation avec elles, nous les conseillons pour que le projet soit développé localement, avec des acteurs publics et des citoyens. » En conséquence, la mairie a créé une société de projet baptisée Andéole. Particularité : celle-ci compte trois collèges qui se répartissent chacun un tiers des parts.
Gouvernance tripartite
Le collège public regroupe la commune d’Andouillé-Neuville, la communauté de communes du Val d’Ille-Aubigné et Energ’IV. Le collège citoyen rassemble quant à lui Enercoop Bretagne, Énergie Partagée ainsi que le collectif Les Survoltés (les particuliers intéressés pourront investir dans la société via l’une des trois structures). En outre, un appel à candidature et des auditions ont permis à Andéole de sélectionner Vensolair, filiale de CNR (Compagnie Nationale du Rhône), comme partenaire technique.
Le développeur représente le collège privé. « Andéole dispose de plusieurs instances, mais la principale prend la forme d’un comité de direction dans lequel chaque partenaire a des représentants pour discuter des différents sujets, apporter des précisions, répondre à des demandes locales, etc. », indique Quentin Maréchal, responsable d’investissement chez Énergie Partagée.
En termes de gouvernance, toutes les décisions devront être concertées et prises par l’ensemble des acteurs. Elles porteront sur le choix du site d’implantation, celui des prestataires, la mise en œuvre d’actions en faveur de la biodiversité, etc. « La volonté commune consiste à monter un projet vertueux qui s’inscrit dans le label Énergie Partagée, mais ce type d’initiative associe de nombreux partenaires aux cultures différentes et son lancement prend un certain temps. Il faut d’abord communiquer, discuter, mais aussi, pour les collectivités et les citoyens, monter en compétences », affirme Quentin Maréchal.
Recherches et réflexions préliminaires
Pour qu’Andéole puisse faire les bons choix et prendre les bonnes décisions, CNR l’accompagne dans le développement du projet. De leur côté, Énergie Partagée et Enercoop Bretagne apportent leur expertise, notamment auprès du collège citoyen. Les collectivités, elles, sont accompagnées par Energ’IV. « Un projet éolien est assez complexe. Nous organisons donc des réunions régulières avec chaque collège, ce qui nous permet d’aborder certains points techniques ou règlementaires », précise Jennifer Ramsay.
Afin que le projet soit réaliste, Andéole table sur un parc de trois ou quatre éoliennes pour une puissance estimée d’environ 12 MW et une production de 26 400 MWh par an, mais ces chiffres seront plus précis une fois le site d’implantation défini. Le modèle économique, lui, doit également être discuté. À ce propos, l’autoconsommation collective pourrait être une option, mais tout dépendra du contexte le moment venu.
Travaux prévus en 2031
Concernant les actions menées, outre la mise en place d’espaces de communication et d’échange, un porte-à-porte a eu lieu en mars dernier, dans un rayon de 2 km autour de la zone potentielle, et une première rencontre citoyenne s’est tenue en avril, avec un accueil favorable des citoyens. Fin octobre, une visite du mât de mesure a également été organisée avec le bureau d’études retenu par Andéole (voir photo). Celle-ci a permis d’apporter de la visibilité au projet, le mât étant installé pour recenser les chauves-souris vivant dans la zone potentielle. « L’étude écologique, la plus longue, dure environ 18 mois. Nous y avons consacré un budget conséquent. Les autres études (acoustique, paysagère, etc.) sont en cours de préparation », assure Quentin Maréchal.
Pour la phase de développement, les trois collèges prévoient d’investir un total de 700 000 € (Énergie Partagée a pour le moment apporté 93 000 €). Une fois les études terminées, d’ici 2026, Andéole sera en mesure de définir le lieu d’implantation. Après l’instruction du dossier, elle espère un lancement des travaux en 2031.


