Décryptage
Digestat : un « bilan agro-environnemental largement positif »
Selon le scénario Afterres2050 développé par Solagro, le digestat issu de la méthanisation répondra, en 2050 en France, à 25 % des besoins en azote des plantes. Un chiffre qui sera plus élevé que celui des engrais minéraux et qui justifie le développement de la méthanisation et l’utilisation du digestat comme fertilisant, en respectant des précautions d’emploi.
Le digestat, dont la composition varie selon la ration entrant dans le méthaniseur, présente un très bon effet fertilisant, qui est, pour la majeure partie, assimilable tout de suite par les plantes. « Selon l’étude MéthaLAE qui a conduit des enquêtes auprès de 46 exploitations pendant trois ans, le digestat permet de réduire le recours aux engrais minéraux [aujourd’hui majoritaires, ndlr] d’environ 20 % pour plus de la moitié d’entre elles, précise Jérémie Priarollo, responsable de l’activité méthanisation chez Solagro, entreprise associative qui propose une expertise au service des transitions énergétique, agroécologique et alimentaire. Mais la forte concentration en azote minéral dans le digestat impose des obligations pour éviter sa volatilisation dans l’atmosphère qui engendrerait des pertes et des émissions de particules fines. »
Effet fertilisant et amendant
Deux pratiques sont donc requises pour valoriser le plein potentiel du digestat : la couverture des ouvrages de stockage de digestat et un mode d’épandage adapté. La volatilisation de l’azote ammoniacal peut varier de 0 à 100 % selon les conditions météo et les techniques d’épandage. Il est donc recommandé de réaliser une séparation de phase solide/liquide (avec 50 % d’azote volatilisé en moins par rapport au digestat brut), d’attendre de bonnes conditions météo (températures basses, hygrométrie élevée, absence de vent), d’utiliser des enfouisseurs ou des pendillards pour épandre le digestat et de l’enfouir rapidement après épandage pour éviter le ruissellement. En respectant ces règles d’utilisation (qui seront bientôt répertoriées dans un guide, lire encadré), « le bilan agro-environnemental du digestat est largement positif, estime Jérémie Priarollo. La valeur agronomique du digestat se décompose en valeur fertilisante (nourrir la plante en éléments nutritifs) et amendante (pour nourrir le sol, le structurer, augmenter la présence de vers de terre, améliorer la capacité de rétention en eau, sa porosité, sa résistance à la compaction…). Des fonctions essentielles pour les plantes et les sols. »
En savoir plus
• Guide des bonnes pratiques. Le programme Ferti-Dig (financé par l’Ademe) qui a débuté en 2021, devrait éditer un guide de bonnes pratiques de valorisation des digestats en 2023. Ceci afin de maximiser leurs intérêts agronomiques pour les sols et conserver leurs bénéfices environnementaux.
• Afterres2050 est un scénario développé par Solagro d’utilisation des terres agricoles et forestières pour satisfaire les besoins alimentaires, énergétiques, en matériaux, et réduire les gaz à effet de serre pour atteindre la neutralité carbone en 2050.