En Île-de-France, les unités de rebours soutiennent le déploiement de la méthanisation

Avant l’apparition de la méthanisation, les circuits gaziers étaient simples : le gaz naturel arrivait importé par pipeline ou par GNL dans des terminaux portuaires. Il était ensuite injecté dans le réseau à haute pression qui cheminait en France, via 32 600 km de gazoducs enterrés qui alimentent directement des industriels et des centrales thermiques dans chaque région. Le gaz qui n’était pas directement consommé était détendu et acheminé dans des réseaux de distribution locaux à basse pression alimentant les particuliers du secteur résidentiel et les entreprises des secteurs tertiaires et industriels qui y sont raccordées. Mais depuis cinq ans, une nouvelle technologie transforme ce modèle : les rebours. « Il s’agit d’un dispositif qui permet de transférer du gaz de façon bidirectionnelle, des réseaux de distribution, basse pression, au réseau de transport, haute pression », explique Pierre Monin, délégué territorial Val de Seine de NaTran, le nouveau nom de GRTgaz. En d’autres termes, les rebours permettent au gaz de remonter le circuit traditionnel. 

Cette technologie trouve tout son sens avec le déploiement de la méthanisation. 855 GWh/an préservés en Île-de-France « Les méthaniseurs, de plus en plus nombreux, sont généralement raccordés au réseau de distribution basse pression, indique Pierre Monin. Mais ils produisent du gaz de façon homogène, 24 heures sur 24, 365 jours par an. Or la consommation sur ce réseau n’est pas toujours suffisante. » En cas de saturation de la boucle locale, le rebours permet de réinjecter le surplus dans le réseau de transport. Trois rebours fonctionnent d’ores et déjà en Île-de-France : une unité à Mareuil-lès-Meaux, en Seine-et-Marne, mise en service en 2020, une à Marchémoret, en Seine-et-Marne, mise en service en 2022 et une à Boissy-la-Rivière, en Essonne, mise en service en 2024. La capacité totale d’injection de ces trois rebours est de 855 GWh/an, soit l’équivalent de la consommation de 210 000 habitants en habitation neuve. L’investissement total, pour NaTran, atteint 12 millions d’euros. La CRE a donné son autorisation pour que des études soient menées, dans le but de faire émerger une quatrième unité à Brie-Nangis, en Seine-et-Marne.

Deux rebours mobiles

Autre projet dans les tuyaux de NaTran, le lancement d’un rebours mobile, le Rmob. « Il s’agit d’un camion équipé d’un compresseur similaire à celui des unités fixes, explique Pierre Monin. Il lui suffit de se rendre sur site et de se brancher sur les canalisations, et il peut remplacer un rebours, notamment si l’une de nos unités est en maintenance. » NaTran a investi 5,9 millions d’euros pour développer deux rebours mobiles de ce type. La technologie sera testée sur le site de rebours de Marchemoret cet automne. En France, sur le réseau de transport de NaTran, 31 rebours sont actuellement actifs, 19 sont en cours de réalisation et 27 à l’étude. NaTran prévoit d’en déployer plus d’une centaine à horizon 2030.