Retour d'expérience
Enrichir les sols grâce à la méthanisation
Le projet Arseme, au sud de l’Occitanie, fédère une centaines d’agriculteurs-producteurs de semences et des acteurs territoriaux. Le but : créer de la matière organique à forte valeur fertilisante et générer un revenu pour pérenniser l’activité locale.
Début 2021, la mise en service de l’unité de méthanisation basée à Montaut en Ariège débutera avec une injection du biogaz dans le réseau, prévue en mars. Ce sera l’aboutissement de la première partie du projet Arseme, né huit ans plus tôt dans la tête d’un groupe d’agriculteurs ariégeois. Leur objectif était alors de valoriser les pieds mâles de leur production de maïs semences. Ces cannes riches en fibres sont peu valorisées par le sol. Par ailleurs, les agriculteurs savaient que ces cannes pouvaient s’ensiler. Ils l’avaient déjà fait pour répondre aux besoins d’éleveurs lors d’une année de sécheresse. « En parallèle, relève Sophie Privat, ingénieure chez ATESyn, l’assistant à maîtrise d’ouvrage, la méthanisation à base de maïs se développait beaucoup en Allemagne. » Pour les agriculteurs, il était donc possible d’associer ces deux idées pour créer de la matière organique intéressante pour les sols et générer un revenu supplémentaire afin de pérenniser leur activité.
« La première volonté a été de fédérer les agriculteurs largement, ainsi que les acteurs du territoire », se souvient-elle. Au final, ce sont une centaine d’agriculteurs (sur une soixantaine d’exploitations) aux confins de l’Ariège, de l’Aude et de la Haute-Garonne qui ont répondu présents. Pour les éleveurs, l’objectif était également de valoriser les effluents d’élevage. Les autres actionnaires du projet Arseme sont la Coopérative agricole de la plaine de l’Ariège (CAPA), les régies d’électricité de Saverdun et de Mazères, le syndicat des énergies de l’Ariège et ATESyn. « Ce territoire étant très rural avec peu de ressources financières diversifiées, la mobilisation autour de ce projet a été forte », note Sophie Privat. Preuve en est également le succès du financement participatif qui a permis à près de 700 citoyens d’investir 800 000 € (lire encadré).
22 000 tonnes d’intrants
Mais devant l’étendue géographique des fermes et la logistique nécessaire pour alimenter le digesteur, difficile de construire une seule unité. Ainsi, si une première unité fonctionnera début 2021 à Montaut avec la production des deux tiers des agriculteurs du projet, une deuxième autour de Mirepoix est d’ores est déjà dans les tuyaux, toujours dans l’Ariège, à 35 minutes de Montaut.
Pour la première unité, environ 21 850 tonnes d’intrants par an sont nécessaires pour alimenter le digesteur : 12 500 t d’ensilage de pieds mâles de maïs semence (soit environ 1 500 ha de production), 1 800 t de résidus d’égrenage de maïs semence, 1 800 t d’ensilage de colza semence et 5 750 t d’effluents de bovins. « Grâce à cette recette stable, la production est lissée sur toute l’année avec un objectif d’injection de 200 Nm³/h de biogaz, soit la consommation énergétique globale de plus de 1 400 foyers », relève Sophie Privat. Pour les agriculteurs, le défi de départ est également relevé grâce à l’épandage de digestat, liquide et solide, à la valeur fertilisante bien meilleure que celles des cannes de maïs laissées au sol. Ce qui permet de réduire fortement les apports d’engrais chimiques.
8,8 millions d’euros
L’unité de méthanisation de Montaut a coûté 8,8 millions d’euros (M€), financée par des prêts bancaires (3,9 M€), des subventions (2,9 M€), un financement participatif (0,8 M€) et des fonds propres (1,2 M€).