Éolien : la stratégie inédite de 3D Énergie dans les Deux-Sèvres

Dans les Côtes-d’Armor, la construction du parc éolien de Keranna par BayWa r.e., développeur allemand, s’est achevée en mai. Il a aussitôt été acquis pour 30 millions d’euros par 3D Énergies, un syndicat d’énergie mixte (SEM) adossé à Sieds, le Syndicat d’énergie des Deux-Sèvres. Un achat insolite, alors que le parc éolien est situé à plus de 300 km de la zone d’activité de l’entreprise. « La stratégie de notre groupe est de développer au maximum l’éolien dans les Deux-Sèvres, explique Rémy Viaud, directeur de 3D Énergies. Sur douze parcs éoliens, neuf sont situés sur notre territoire, et huit ont été développés en interne. Pour autant, nous regardons les opportunités dans l’éolien sur tout le territoire français, et investissons à long terme : nous achetons des parcs dérisqués pour dégager du bénéfice avec la distribution de cette énergie renouvelable. » En 2024, les 500 millions d’euros de chiffre d’affaires de 3D Énergies ont généré 23 millions d’euros de bénéfice net, intégralement réinvestis. « Aucun dividende à ce jour ne remonte vers l’actionnaire principal, le Sieds, précise Rémy Viaud. Aucune banque ni investisseur privé ne détient de parts. »

Des choix d’investissement parfois peu rentables

Le réseau de distribution électrique en Deux-Sèvres n’est pas exploité par Enedis mais par Geredis, filiale à 100 % de Séolis, entité locale qui détient 85 % de 3D Énergies. « Et 3D Énergies possède 15 % de Séolis », précise Rémy Viaud. Ce modèle, héritier de la réticence des Deux-Sèvres à la nationalisation en 1946, permet une autonomie locale et des choix d’investissements libres. « Nous avons maillé le territoire de bornes de recharge électrique, même si cela n’est absolument pas rentable, détaille Rémy Viaud. Nous avons aussi investi dans des stations bioGNV. Nous estimons que c’est notre rôle d’équiper notre territoire, même si le modèle économique n’existe pas encore. »

Objectif : 30 % de renouvelable d’ici 2030

3D Énergies accompagne également d’autres SEM, notamment du Lot-et-Garonne, du Tarn et du Tarn-et-Garonne, dans l’acquisition ou le développement de parcs éoliens ou photovoltaïques. Cette alliance permet de mutualiser les collaborateurs, renforcer les expertises juridiques et financières, et atteindre une taille critique sans recourir à l’actionnariat privé. L’objectif fixé par les élus : produire 600 GWh/an d’énergies renouvelables à l’horizon 2030, soit près de 30 % de la consommation électrique du département. En cinq ans, la production est passée de 300 à 450 GWh/an, notamment via les acquisitions hors du territoire – le parc Keranna représentant un bond de 34 GWh. « D’ici 2030, il nous faudra acquérir encore un ou deux parcs éoliens », conclut Rémy Viaud.