Éolien : la technologie pour protéger la biodiversité

Pourquoi était-il important d’organiser cette conférence en France cette année ?

Anne-Lise Melki : La CWW a eu lieu cette année pour la première fois en France, où de nombreux acteurs de l’éolien vont devoir se positionner à l’export. Cet événement leur a permis d’échanger à un niveau international. De plus, ces discussions entre scientifiques sont très utiles pour aller chercher l’inspiration auprès de collègues étrangers. Elles aident à comprendre si les cadres méthodologiques utilisés en France sont dépassés ou au contraire à la pointe par rapport à d’autres pays, notamment asiatiques. De nombreux dispositifs technologiques basés sur la science et l’intelligence artificielle existent en France et à l’étranger. Cette conférence a servi à échanger sur l’efficacité et les limites de ces outils. L’un des enjeux est de faire communiquer en temps réel des objets que l’on n’avait pas conçus initialement pour qu’ils entre eux, tels les capteurs de mesure de la biodiversité de nuit comme de jour et les éoliennes. Biotope travaille sur ces sujets technologiques depuis 15 ans. Aujourd’hui, on voit qu’ils ont atteint une maturité : des produits existent, des verrous technologiques ont sauté.

Florian Lecorps : Le terme de maturité exprime bien cette 8^e édition. La première CWW avait été organisée en 2011 en Norvège à l’initiative de scientifiques rattachés à des organismes de recherche. Le volet scientifique de la compréhension des impacts de l’éolien sur la biodiversité en constituait le point de départ. Au fur et à mesure des conférences, on a de plus en plus parlé des solutions pour éviter et réduire ces impacts. Le thème de l’innovation technologique et scientifique a pris une place prépondérante. Cette année, sur les 500 soumissions reçues en vue de réaliser des présentations ou des posters (résumés scientifiques), 40 % traitaient d’innovation.

A.-L. M. : L’innovation technologique repose sur les données naturalistes. C’est grâce aux études environnementales menées par la filière énergie que l’on a pu collecter autant de données.

Quels sont les axes de recherche sur l’éolien et la biodiversité ?

F. L. : Les impacts potentiels de l’éolien, terrestre ou en mer, sur la biodiversité sont déjà bien documentés, qu’il s’agisse, par exemple, des risques de collision ou des perturbations visuelles. On connaît également les principales espèces sensibles à ces effets. Désormais, beaucoup de travaux portent sur les retours d’expérience de l’efficacité des mesures prises pour les réduire, ou encore sur une meilleure compréhension des impacts cumulés sur les populations et sur les habitats. Par exemple, les effets cumulés en mer du Nord, où la densité des projets de parcs éoliens en mer est très importante. De nombreuses présentations concernaient les impacts à long terme sur les populations d’oiseaux et de chauves-souris, ou les solutions de conceptions techniques favorables à la biodiversité (nature-inclusive design).

A.-L. M. : Je n’ai pas identifié de conférence avec un tel niveau d’analyse pour d’autres grandes infrastructures énergétiques. L’éolien est la filière est la plus dynamique sur les enjeux de biodiversité.

Que savez-vous de la prochaine édition de CWW ?

A.-L. M. : Elle se tiendra en 2027 en Espagne, à Malaga. Nous aurons d’ici là de nouveaux retours d’expérience sur la mise en place de SDA, acronyme de système de détection automatisé ou de système de détection de l’avifaune. De nombreux parcs en France sont déjà équipés de caméras. Pour réduire les risques de collision avec les oiseaux et les chauves-souris, les énergéticiens peuvent aussi installer des dispositifs spécifiques qui font leurs preuves depuis quelques années déjà, comme Chirotech+ développé par Biotope*. Les analyses scientifiques permettent d’optimiser ces nouvelles technologies.

* D’autres solutions anticollisions existent, développées par des sociétés comme Protecbird, Bioseco ou Biodiv-Wind.