Stratégie
Favoriser le tourisme éolien et valoriser le patrimoine
Dans le cadre du développement d’un parc éolien citoyen à Lanrigan, en Bretagne, des actions sont menées avec des associations et des entreprises locales pour valoriser et protéger le futur site d’implantation. Cette stratégie a permis de faciliter le lien avec les propriétaires des terrains. Explications.

À Lanrigan, un projet éolien a vu le jour en 2019. Déployé sur des terrains appartenant à des agriculteurs, il comptera trois éoliennes, pour une puissance de 15 MW maximum. La commune, instigatrice du projet, s’est chargée de la sécurisation foncière, puis elle a sollicité l’accompagnement d’Energ’IV, la société d’économie mixte du Syndicat départemental d’énergie d’Ille-et-Vilaine (SDE35). « Nous avons choisi ensemble des partenaires citoyens via Énergie partagée et Enercoop. Ceux-ci ont été intégrés à la société de projet, la société par actions simplifiées (SAS) Lanrigan dans l’vent, créée en 2021 », explique Antoine Therain, chargé du dialogue territorial et de la concertation citoyenne chez Energ’IV. Vensolair, une filiale de la Compagnie nationale du Rhône (CNR), a ensuite été sélectionnée pour assurer le développement technique du projet. »
Actuellement, la société de projet est portée à un tiers par CNR, à un tiers par les acteurs publics (la commune de Lanrigan et Energ’IV) et à un tiers par des acteurs citoyens : Les Survoltés, une Société coopérative d’intérêt collectif (Scic) locale, Énergie partagée Investissement et Enercoop Bretagne.
Une ferme réhabilitée en aire de repos pour les randonneurs
Pour que le projet s’ancre au mieux dans le territoire, la commune et Energ’IV ont décidé dès le départ d’orienter leur stratégie en faveur du tourisme durable et du patrimoine, d’autant que la SAS compte des investisseurs locaux, notamment des citoyens qui habitent près du futur parc éolien. « Il existe en effet une ancienne ferme sur le site d’implantation, mais celle-ci est à l’abandon et elle part en ruine. Nous avons fait appel à un bureau d’études pour voir comment il était possible de la réhabiliter. C’était important pour les agriculteurs et les riverains, car le lieu méritait vraiment d’être valorisé. » Le bureau d’études va donc accompagner la société de projet dans la rénovation et la sécurisation du bâtiment, l’objectif étant que celui-ci devienne une aire de repos pour les randonneurs et qu’il leur offre la possibilité de découvrir une ferme d’antan.
À ce titre, un chemin, passant à proximité du parc, sera également créé et des panneaux de sensibilisation, en français et en gallo (la langue locale), informeront et aiguilleront les randonneurs. Les riverains qui le souhaitent pourront également demander le déploiement de haies dans leurs jardins. Les plantations auront lieu dès l’automne et l’hiver prochain. « Nous prenons les devants afin que la végétation soit mature au moment de la construction des éoliennes. La mise en place de haies permet aussi de répondre au collectif de riverains qui s’opposait au projet. Ceux-ci sont désormais rassurés sur l’aspect paysager », indique Antoine Therain. Une première réunion d’information sur les travaux doit être prochainement organisée.
Protéger la biodiversité et les exploitations agricoles
Par ailleurs, la société de projet a fait appel à la géobiologie pour protéger le site, à la demande des agriculteurs. Cette pratique, très répandue en Bretagne mais néanmoins contestée (lire sur ce sujet l’enquête de nos confrères d’Actu-Environnement), permettrait d’identifier les risques potentiels du parc vis-à-vis des exploitations et des animaux. « Un expert est passé sur les différentes parcelles afin d’étudier les fissures et les failles du sol qui pourraient éventuellement créer des gênes pour les exploitations, ou engendrer des courants baladeurs, dangereux pour les oiseaux et les chauves-souris. L’emplacement des trois éoliennes dépendra de cette étude », précise Antoine Therain.
En outre, la société de projet s’est d’ores et déjà engagée à réinvestir une partie de ses bénéfices lorsque le parc sera opérationnel, notamment via des actions de sensibilisation et de valorisation. Elle travaillera pour cela avec des associations locales. « Cela pourrait concerner la protection de l’environnement et de la biodiversité par exemple. Nous avons prévu d’accompagner des acteurs, mais aucun business plan précis n’a encore été établi. Dans tous les cas, la société de projet effectuera les arbitrages. » Le projet éolien de Lanrigan, en cours d’instruction, devrait être soumis à une enquête publique dans les prochains mois. Sa mise en service, elle, est prévue au plus tôt en 2028.