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Forte croissance des ventes de biofioul issu de colza
Deux ans après le lancement sur le marché du biofioul F30, contenant jusqu’à 30 % de colza, les volumes vendus atteignent 60 000 m³, contre 8 000 m³ la première année.
Depuis le 1er juillet 2022, le biofioul F30, combustible contenant jusqu’à 30 % d’ester méthylique d’acide gras issu du colza, alimente obligatoirement toutes les chaudières neuves installées afin de répondre à l’exigence du plafond d’émissions de CO₂ fixé par la réglementation (300 q CO₂ eq/kWh PCI). Il peut également être compatible avec la plupart des chaudières installées avant cette date, moyennant une adaptation technique simple (le changement du brûleur dans la plupart des cas).
Les chiffres de vente de biofioul F30 à fin septembre 2024 (selon les statistiques du Comité professionnel du pétrole) s’établissent à 60 000 m³, contre 8 000 m³ livrés en 2023. « Cette forte croissance s’explique par la hausse de 17 % des ventes de chaudières et par les adaptations volontaires des consommateurs, explique Eric Layly, président du syndicat FF3C (Fédération française des combustibles, carburants et chauffage), lors d’une conférence de presse le 16 octobre 2024. Aujourd’hui, la distribution de biofioul est devenue une réalité », appuie-t-il. Les 60 000 m³ de F30 représentent la production d’environ 20 000 ha de colza, « à très large majorité issus du territoire français », précise le syndicat.
En attente d’une fiscalité adaptée
Mais ces 60 000 m³ « ne bénéficient d’aucun avantage fiscal », regrette Hakim Britel, président de la Fédération française des pétroliers indépendants (FFPI). Par rapport au fioul classique, le F30 a donc un surcoût de 0,15 €/l (soit environ 10 %) pour le consommateur. Toutefois, « la majorité des distributeurs le vendent quasiment à prix coûtant », souligne-t-il. Cela permet de réduire le surcoût pour les consommateurs à 0,07 €/l-0,09 €/l. Par ailleurs, selon une étude, commandée par la FF3C et réalisée par Audirep auprès d’un échantillon représentatif d’utilisateurs de fioul domestique en mai-juin 2024, 58 % des interviewés déclarent vouloir conserver leur chauffage au fioul pour ses qualités de confort et de maîtrise de la consommation. 30 % envisagent de remplacer le brûleur de leur chaudière pour pouvoir utiliser du F30, dont plus de la moitié se déclarent prêts à payer plus cher que le fioul classique.
« Pour décarboner le chauffage au combustible liquide, il est nécessaire d’accélérer le déploiement du biofioul sur le territoire, estime la FF3C. Dans cette optique, le soutien des pouvoirs publics est désormais indispensable afin :
– de permettre la mise sur le marché, d’ici l’hiver 2025-2026, d’un biocombustible liquide majoritairement renouvelable “F55” ;
– d’appliquer une fiscalité adaptée aux produits biofioul, en cohérence avec les objectifs de pénétration des énergies renouvelables dans le mix énergétique. »
Le syndicat rappelle qu’aujourd’hui, le fioul reste la troisième énergie de chauffage en France, équipant environ 3 millions de résidences principales, soit 10 % du parc, principalement des maisons individuelles. En termes de logistique, le réseau de distribution du biofioul compte 18 dépôts primaires approvisionnant en F30 plus de 360 établissements de distribution répartis sur tout le territoire. « Un maillage qui va continuer à s’étoffer », appuie la FF3C.