Entretien
« France Agrivoltaïsme développera des standards d’excellence »
L’association France Agrivoltaïsme a été créée en juin 2021 pour promouvoir et défendre cette technologie. Antoine Nogier, fondateur de Sun’Agri et président de l’association, nous détaille son organisation et ses ambitions.
Pourquoi cette association a-t-elle été créée ?
Nous sommes cinq membres fondateurs : REM Tec et Sun’Agri, leaders mondiaux de l’agrivoltaïsme, le bureau d’ingénierie en énergie solaire KiloWattsol, le développeur et producteur d’énergie Altergie Développement, et la plateforme de financement dédiée aux projets agrivoltaïques, Râcines. Nous avons pris conscience de la nécessité de structurer la filière agrivoltaïsme [technologie consistant à placer des persiennes photovoltaïques au-dessus des cultures pour améliorer les conditions agro-climatiques des plantes, ndlr] et de la construire avec tous les acteurs pour plusieurs raisons. D’abord, l’essor rapide de cette technologie nécessite sa structuration afin d’assurer un développement pérenne. La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a contribué depuis 2019 à l’essor de cette solution en désignant dans le cadre d’appels d’offres une centaine de projets agrivoltaïques. L’agrivoltaïsme était une discipline de recherche et elle est en train de devenir une filière. Notre rôle est de faire connaître cette discipline pour apporter des solutions. Nous souhaitons, à travers cette association, défendre les droits et intérêts de ses membres auprès des pouvoirs publics : ministères de l’Économie et des Finances, de l’Agriculture, direction générale des entreprises… Notre objectif est de les sensibiliser sur la nécessité de maintenir une ambition forte des mécanismes de soutien à l’agrivoltaïsme, notamment dans le cadre des appels d’offres de la CRE et des aides à l’agriculture, en particulier celles pour l’adaptation de l’agriculture aux changements climatiques. Enfin, cette association permettra de développer des standards d’excellence, de promouvoir des référentiels pour encadrer les projets avec par exemple des labels ou des normes…
Comment est-elle organisée ?
L’association est composée de cinq collèges qui détiennent chacun une pondération différente dans le vote des décisions : la filière agricole (syndicats, chambres d’agriculture, coopératives et négoces, agriculteurs, filière ovine, acteurs du machinisme agricole…) détient 25 %, la filière énergie également, le collège sur les solutions technologiques (afin de structurer une filière industrielle) représente 30 %, celui sur la recherche et l’éducation 10 %, et le dernier, consacré à la finance et aux assurances, également 10 %.
Pour l’instant, trois commissions ont été lancées : certification et label, réglementation, développement à l’international. D’autres sont à venir.
Quel regard porte la filière agricole sur cette technologie ?
La filière agricole observe une ruée sur les terres agricoles depuis deux ans et regarde donc avec méfiance l’essor de cette technologie. Cette attitude est justifiée et normale. Il faut être prudent. L’association doit justement permettre de trouver des solutions ensemble au service de l’agriculture. L’agrivoltaïsme est un outil agricole à développer avec les agriculteurs et les énergéticiens afin d’améliorer la productivité au moyen du solaire. Elle est une solution d’adaptation aux changements climatiques et aux aléas extrêmes tels que les gels printaniers ou les canicules estivales, un moyen de se tourner vers des modèles plus résilients.