Décryptage
Injection de biométhane : le rebours se développe
La technique du rebours permet aux producteurs de biométhane d’injecter la totalité de leur production toute l’année.
Si la production de biométhane est assez stable sur l’année, sa consommation varie beaucoup selon les saisons. Par ailleurs, les unités de méthanisation sont plutôt situées en zones rurales à faible consommation de gaz. Le rebours est une technique qui « consiste à comprimer le biométhane non consommé sur un réseau de distribution pour ensuite l’injecter vers le réseau de pression supérieure, expliquent GRDF et GRTgaz qui pilotent plusieurs projets d’installations en France. Le rebours permet ainsi le renvoi du gaz vers une zone de consommation plus éloignée. L’injection de biométhane est donc toujours possible, même en période de faibles consommations. »
Concrètement, le poste de rebours est associé à un compresseur qui se met en marche lorsque la pression du réseau de distribution local de gaz atteint un seuil haut, donc supérieur à la consommation estimée de la zone alimentée par la station de biométhane. Cette situation se produit le plus souvent en été lorsque les consommations en gaz sont plus faibles.
L’excès de gaz est comprimé puis injecté dans un autre réseau. Il pourra être consommé tout de suite ou stocké pour un usage ultérieur. La pression du réseau initial va alors baisser jusqu’à un seuil bas où le compresseur va s’arrêter de fonctionner.
Viabiliser des projets de méthanisation
Plusieurs postes de rebours sont déjà en fonctionnement comme à Noyal-Pontivy (Morbihan), Pouzauges (Vendée), Troyes (Aube) et Mareuil-lès-Meaux (Seine-et-Marne). La première installation de rebours d’Île-de-France va permettre d’accueillir près de 200 GWh par an de biométhane supplémentaire à l’horizon 2030, « soit l’équivalent de la consommation d’environ 50 000 foyers chauffés au gaz », précise GRTgaz. Une douzaine de projets de méthanisation bénéficieront de cette installation qui a coûté 3,9 millions d’euros et qui a été mise en service en novembre 2020. Stéphanie Flament, agricultrice et coporteuse du projet Biogaz à Charmentray (Seine-et-Marne), témoigne : « Nous avons décidé de monter un projet d’unité de méthanisation qui produira normalement 160 Nm³/h, ce qui permet d’alimenter environ 2 500 foyers neufs ou 69 bus roulant au bioGNV. La nouvelle installation de rebours à Mareuil-lès-Meaux est très importante pour notre projet car sans elle, nous serions obligés de saisonnaliser l’injection. De mai à septembre, nous serions contraints de réduire notre production de gaz, voire de l’arrêter complètement car en juillet, il n’y a quasiment aucune consommation. Le rebours va nous permettre d’injecter toute l’année. Sans lui, notre projet ne serait pas viable au vu des investissements importants prévus. Le rebours va nous permettre de valoriser l’intégralité du biométhane produit sur notre exploitation. »
La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a d’ores et déjà validé l’investissement des gestionnaires de réseaux dans 19 nouveaux rebours.
Insertion paysagère
Afin d’intégrer le poste de Mareuil-lès-Meaux au paysage, GRTgaz prévoit plusieurs aménagements : prolongement de la zone boisée existante par des essences locales pour le bénéfice visuel et pour servir de vivier de nourriture aux animaux, installation de nichoirs, abris à chauves-souris, hôtels à insectes, tas de bois pour les hérissons et ruches.