Entretien

L’agriculture, une solution pour réussir la transition énergétique

Carole Le Jeune, chargée de mission Énergie et climat à la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) fait un point sur les combats menés pour soutenir la transition énergétique portée par les agriculteurs et plus précisément la méthanisation.

PAR AUDE FABRE  - JANVIER 2020
Carole Le Jeune, chargée de mission Énergie et climat à la FNSEA ©FNSEA

Comment le syndicat majoritaire du secteur agricole prend-il le virage de la transition écologique et énergétique ?
L’agriculture représente une des solutions pour répondre à l’objectif de neutralité carbone en 2050, à l’enjeu du changement climatique, à la transition écologique et énergétique… Notre rapport d’orientation, qui vient d’être voté le 22 janvier, cible pour la première fois la lutte contre le changement climatique. Il contient de nombreuses propositions, qui seront officiellement présentées lors de notre congrès en avril, pour le développement des énergies renouvelables, des contrats de prestation pour services environnementaux, ou encore pour une meilleure gestion de l’eau, des sols, des risques climatiques, tout en assurant une rémunération à l’agriculteur.

Comment pallier la baisse inéluctable des tarifs pour la méthanisation ?
Pour la méthanisation en injection, le gouvernement souhaite revoir à la baisse le tarif réglementé – jusqu’à 14 % en fonction des intrants –, mais des négociations sont en cours pour promouvoir notamment des primes liées à l’utilisation d’effluents d’élevage ou aux cultures intermédiaires à vocation énergétique. Une baisse trop importante des tarifs mettrait en péril les projets agricoles, c’est pourquoi nous travaillons à chiffrer les externalités positives de notre modèle de méthanisation pour les intégrer dans le futur tarif du biogaz.
Par ailleurs, la nouvelle version de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) soumise à la consultation publique le 20 janvier, présente le nouveau modèle de tarification du biogaz. Demain, à partir d’une certaine puissance, les futurs projets devront se soumettre à des appels d’offre, les autres bénéficieront d’un tarif fixe. Afin d’éviter à la majorité des projets agricoles de se soumettre au mécanisme complexe et concurrentiel des appels d’offre, nous souhaitons que les projets allant jusqu’à 30 MWh/an puissent bénéficier du tarif fixe. La profession agricole soutient également la filière à travers le renforcement du maillage du réseau gazier en France en mettant en œuvre le “droit à l’injection”. La FNSEA et l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (ACPA) ont renouvelé une convention avec GRTgaz lors du dernier salon des Maires fin novembre. Le but : aller chercher ensemble les volumes de gaz potentiellement produits sur le territoire et réduire ainsi les coûts de production.

Le gouvernement est-il à votre écoute ?
Si nous voyons des signaux encourageants de la part du gouvernement pour développer la filière biogaz en augmentant l’enveloppe de soutien public de 7,9 milliards à 9,7 milliards d’euros pour 2019-2028, certains arbitrages semblent incohérents. Dans la nouvelle version de la PPE, les volumes injectés prévus pour la période 2019-2023 sont fixés à 6 TWh/an et n’ont donc pas été, a minima, maintenus à 8 TWh/an comme pour la PPE en vigueur (2016-2018).  Autre point de crispation, le système des garanties d’origine qui va également être refondu par l’État d’ici début 2021. Des discussions sont d’ores et déjà en cours et un décret devrait être publié prochainement concernant la nomination du gestionnaire indépendant de ce système et les conditions de mise aux enchères de ces garanties.

Un nouveau cadre d’épandage des déchets organiques

La FNSEA s’est fortement mobilisée durant l’examen du projet de loi relatif à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire pour s’assurer que la mobilisation de l’ensemble des matières organiques puisse être sans risque pour les terres agricoles. « Nos demandes ont été entendues puisque la loi parue en janvier 2020 pose un cadre qui va permettre une réévaluation des seuils d’innocuité pour l’épandage des boues, brutes et transformées, estime Carole Le Jeune. Un long travail d’élaboration d’un socle commun pour l’épandage de matières fertilisantes non agricoles est désormais ouvert. »

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