L’agrivoltaïsme, au cœur de projets mondiaux

« Le premier enseignement du congrès AgriVoltaics, c’est que l’agrivoltaïsme est un sujet qui passionne dans le monde entier, que ce soit sous des climats ensoleillés ou nébuleux », relève Christian Dupraz, président du colloque et directeur de recherches à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). Lors de ces rencontres, les participants se sont notamment rendu compte que le Japon était très en avance sur ces projets en comptant déjà plus de 2 000 fermes agrivoltaïques. Avec un à deux hectares par exploitation, les productions de fruits, riz ou thé sont protégées des aléas climatiques. Pour le thé, les Japonais ont notamment noté une meilleure qualité de la production sous les panneaux photovoltaïques avec moins de tanin et plus de parfum. Pour le président du congrès, à l’image de ce qui se passe au Japon, « les systèmes agrivoltaïques sont la clé majeure de la transition énergétique en France car le gisement (toits, parkings, friches industrielles…) n’est pas assez important. Si on veut répondre aux besoins électriques français, seuls 2 % de la SAU [surface agricole utile] en agrivoltaïsme suffisent. Pour l’instant, nous sommes face à un refus de la profession agricole à cause de la crainte de l’artificialisation des terres mais grâce à l’agrivoltaïsme positif, le système est gagnant-gagnant. » Sur une même surface, la production agricole reste prioritaire face à la production d’énergie.

Une certification pour 2021 ?

Pour garantir que la production agricole soit bien maintenue, voire améliorée, un travail est en cours avec l’Afnor et l’Ademe pour créer une certification liée à l’agrivoltaïsme. Des normes techniques seront fixées dans un cahier des charges pour certifier qu’un projet donne bien la priorité à l’agricole. Les démarches pour obtenir un permis de construire seront ainsi facilitées, estime Christian Dupraz. « Pour moi, le critère majeur est la densité de panneaux. Dans le cas de structures fixes, il faudrait que la densité en agrivoltaïsme soit au maximum de 50 % par rapport à celle en production photovoltaïque pure. Mais ce ratio reste à discuter. » Pour le directeur de recherches, les projets doivent également rester à l’échelle d’une exploitation agricole, un à cinq hectares, pas davantage. Ils doivent aussi s’intégrer au paysage et être réversibles. « On doit pouvoir démonter les panneaux pour rendre au sol sa vocation 100 % agricole si besoin, rappelle-t-il. Par ailleurs, pour maintenir la production agricole, le revenu lié à la location du terrain ne devrait pas excéder le montant du bail agricole. » Ce point-là serait à préciser dans une future réglementation afin d’éviter les dérives. Il est probable que le prochain colloque organisé en juin 2021 en Allemagne sera à nouveau un lieu d’échanges riches pour développer dans le monde entier ces projets, moteurs de la transition énergétique, dans de bonnes conditions.