Retour d'expérience

En Savoie, le petit-lait se transforme en énergie par méthanisation

Que faire des résidus ultimes du lactosérum après la fabrication du beurre, de la poudre de protéines et de la ricotta ? À Albertville, des producteurs de Beaufort ont investi dans une unité de transformation au processus très spécifique pour transformer ce « jus » en biogaz.

PAR ESTELLE BOUTHELOUP - JANVIER 2022
Implantée au cœur d’Albertville, l’unité Savoie Lactée a nécessité un investissement de 15 millions d’euros répondant à la fois à des enjeux agricoles, économiques et environnementaux. Photo Savoie Lactée. ©DR

Sur 100 litres de lait, 10 litres seulement servent à la fabrication du fromage, les 90 litres restants de lactosérum sont utilisés pour la transformation de poudre de protéine concentrée (lait infantile, etc.), de ricotta et de beurre. Consciente de ce manque à gagner, l’Union des producteurs de Beaufort (UPB), située à Albertville en Savoie, s’est réappropriée la valorisation du lactosérum qu’elle revendait auparavant à un opérateur. Elle a repris en même temps la maîtrise de son marché et la plus-value que ce petit-lait pouvait engendrer, soit un volume de 52 millions de litres de lactosérum par an sur toute la zone beaufortaine, à laquelle s’ajoutent deux coopératives de Savoie. L’UFB s’est ainsi lancée en 2015 dans un projet coopératif : la construction à Albertville de l’unité Savoie Lactée divisée en un atelier de fabrication de poudre de lactosérum, d’une beurrerie, et d’un atelier de fabrication de ricotte (version savoyarde de la ricotta). 

Un projet à 15 millions d’euros qui devait répondre à des objectifs impérieux : « réduire les coûts de transports de lactosérum liés à la sous-traitance. Nous avons divisé par dix le nombre de kilomètres et donc notre empreinte carbone », explique Pierre-Alexandre Vernerey, responsable du site. Mais aussi maîtriser les coûts énergétiques et réduire au maximum les traitements nécessaires à la dépollution avant rejet dans la nature. Car, les résidus ultimes du lactosérum sont des effluents très polluants, avec une charge organique cinquante fois plus polluante qu’une eau usée urbaine. « Il a donc été décidé que ce jus lactosé, qui reste et qui ne sert pas, alimenterait, avec les eaux de lavage de l’usine et le bas-beurre, un méthaniseur. Soit entre 100 et 250 m3/jour. » 

Une solution performante de traitement des rejets

Ce projet réalisé avec la société Valgo, spécialisée dans l’ingénierie des procédés et la valorisation énergétique, permet ainsi de transformer les déchets de production en biogaz. « Un processus très spécifique car le méthaniseur ne traite que des produits liquides et tout le temps les mêmes ». 95 % du jus lactosé est ainsi traité pour au final produire 3 Nm3 (normo mètre cube) de biogaz pour 94 litres de jus lactosé. Une production d’énergie renouvelable rendant, par cogénération, le site autonome en énergie électrique avec revente à EDF de 3 000 MWh par an (soit l’équivalent de la consommation électrique de 1 500 habitants selon Valgo), et autonome à 70 % en production de chaleur réinjectée dans l’usine, réduisant ainsi la facture énergétique de Savoie Lactée.

Enfin, « les effluents qui sortent du méthaniseur sont traités à 98 % pour un rejet propre. Les 2 % restants sont des boues biologiques traitées comme dans une station d’épuration classique avant de servir à fertiliser les alpages. » Au final, une production de biogaz qui permet de maîtriser les coûts de traitement en consommant dix fois moins d’électricité et en produisant cinq fois moins de boue selon Valgo. « C’est unique dans le secteur de l’industrie laitière et c’est un modèle économique qui peut être transposé sur d’autres filières AOP », conclut Pierre-Alexandre Vernerey.

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