Retour d'expérience
Les séchoirs à foin : meilleurs pour l’environnement
Depuis plus de vingt ans, l’association Segrafo accompagne les agriculteurs dans l’installation de séchoirs à foin. Moins émetteurs en CO2 que les séchages traditionnels, ils garantissent également une meilleure qualité nutritionnelle du foin. Couplés à des panneaux photovoltaïques, ils peuvent être positifs en énergie.

Créée par des agriculteurs au début des années 2000, l’association Segrafo accompagne les agriculteurs de l’Ouest de la France (Normandie, Bretagne, Pays de la Loire) dans l’installation de séchoirs à foin. En décembre dernier, la société civile d’exploitation agricole (SCEA) Le Roumé, située à Yzernay dans le Maine-et-Loire, a ouvert les portes de son séchoir mis en service en 2023. Il fait partie des 285 installations que compte Segrafo aujourd’hui.
Fonctionnement optimisé
Adapté pour le foin, mais aussi pour les céréales, le séchage en grange fonctionne grâce à la circulation de l’air chaud récupérée sous le toit du bâtiment. « On essaye de limiter nos besoins en énergie. On récupère la chaleur, émise par le rayonnement lumineux, sous les toitures “bac acier” ou sous les panneaux photovoltaïques, explique Antoine Vaubrun, conseiller agricole à Segrafo, qui compte trois salariés. On gagne 10 degrés en moyenne par rapport à l’air extérieur et jusqu’à 15° lorsque l’ensoleillement est favorable. » L’air chaud est ensuite envoyé dans le foin via des ventilateurs.
Pour s’affranchir des conditions climatiques, un appoint est mis en place en cas de manque de chaleur. Cela peut être de la biomasse, de l’électricité, du gaz ou fioul. « Mais pour les deux derniers, je n’en ai jamais installé depuis que je suis arrivé il y a huit ans, précise-t-il. A contrario, en 2024-2025, il y a de plus en plus de séchoirs sur lesquels on installe des panneaux photovoltaïques. » Cela permet d’autoconsommer l’électricité pour faire tourner les ventilateurs qui fonctionnent sinon grâce à l’énergie du réseau.
Fabien Reulier, exploitant du groupement agricole d’exploitation en commun (Gaec) des Futaies à Yzernay a également opté pour un séchoir à foin en 2023. Des panneaux photovoltaïques complètent son installation. En tout, 800 000 euros d’investissement ont été nécessaires. « Avec la même quantité de foin, on produit plus de lait. C’est dommage de ne pas l’avoir fait plus tôt », regrette-t-il. Grâce à 145 kW de capacité photovoltaïque, il sera autonome en énergie. « La ventilation nécessaire au séchage consomme entre 60 et 150 kWh d’électricité par tonne de foin », précise Antoine Vaubrun. Fabien Reulier complète ses besoins en chaleur grâce à une chaudière à copeaux alimentée par du bois de la ferme.
Bénéfices de l’installation
Le séchage en grange permet, contrairement à des méthodes plus traditionnelles, de récupérer l’herbe encore humide à même le champ au bout de deux ou trois jours. « Ne pas laisser sécher au champ fait qu’il y aura moins de pertes de feuilles au moment du ramassage et on va garder une grande partie des nutriments », explique Antoine Vaubrun. Cela permet aux exploitations d’atteindre l’autonomie alimentaire pour leur troupeau, avec des répercussions sur la santé des animaux et donc sur le lait ou la viande produits.
Ces installations ont également un bénéfice sur l’environnement. L’association a commandé une étude d’impact environnemental en 2020, suite à la création d’un séchoir en grange sur une exploitation en conversion à l’agriculture biologique. Il en ressort qu’avec un séchoir, l’empreinte carbone de l’atelier lait passe de 0,95 kg eq. CO2 par litre de lait à 0,67, soit 30 % de moins.
Il faut un à trois ans pour mettre en place une installation de ce type, du développement à la construction, suivant les capacités de financement et les besoins notamment. « C’est vraiment du cas par cas » précise Antoine Vaubrun. Elle coûte entre 1 000 et 1 800 euros par tonne séchée. Segrafo, qui a longtemps bénéficié de subventions de l’Ademe, risque de subir les coupes budgétaires imposées par le gouvernement. « Sans ces aides, il va falloir que l’on trouve d’autres sources de financement ou que l’on augmente nos prix. C’était notre principal financeur, mais c’est terminé en 2025 », déplore Antoine Vaubrun.