Décryptage

Méthanisation à la ferme : facteur de résilience mais aussi de vulnérabilité

Revenu sécurisé, moins de dépendance aux engrais minéraux mais en contre-partie hausse de la charge de travail et des coûts de mécanisation… tous les impacts de la production de méthane sur l’exploitation ont été relevés par le comité stratégique de la filière biogaz.

PAR AUDE FABRE - MAI 2023
« La méthanisation est une voie de valorisation supplémentaire des ressources qui peut compenser d’autres voies (cultures, élevage) lorsque ces dernières sont moins rémunératrices », souligne l’étude. ©Aude Fabre

Le groupe de travail en charge du biogaz au sein du comité stratégique de filière, composé d’acteurs de la filière de la méthanisation et du monde de l’énergie, a publié une étude en décembre 2022(1) afin de déterminer les impacts de la production de méthane sur la résilience des exploitations agricoles, « essentielle pour assurer sa pérennité », souligne l’étude. Les changements de pratiques et d’organisation induits par l’unité de méthanisation impactent la capacité de l’exploitation agricole à résister et à s’adapter à un stress.
Les principaux facteurs de vulnérabilité identifiés sont :
 • l’augmentation importante du besoin en main-d’œuvre agricole spécialisée lors des pics de travail agricole (épandage, ensilage), en particulier pour les systèmes « polyculture », et le besoin de main-d’œuvre spécialisée pour la gestion d’un méthaniseur ;
 • l’augmentation importante des charges liées à l’épandage du digestat (consommation de carburant, machines, main-d’œuvre), notamment pour les systèmes « polyculture » ;
 • la hausse de consommation de carburant liée aux chantiers agricoles pour la production de cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive) et l’épandage du digestat, notamment pour les systèmes « polyculture ».

Robuste face à un stress économique

Les principaux facteurs de résilience mis en évidence sont :
 • dans les systèmes « polyculture-élevage », la présence du méthaniseur, qui valorise bien les compétences agricoles déjà présentes sur l’exploitation, notamment pour l’épandage ;
 • la diminution de la dépendance en volume à l’azote minéral grâce à la production de digestat, en particulier pour les systèmes « polyculture » ;
 • le choix d’une stratégie d’alimentation du méthaniseur en cohérence avec le contexte de l’exploitation agricole et le contexte territorial ;
 • une diminution de la vulnérabilité économique globale grâce à la méthanisation.
« Face à un stress économique extrême, les résultats de l’étude confirment les facteurs de résilience des systèmes avec méthanisation, en montrant une meilleure absorption du choc économique et une capacité à maintenir le bilan énergétique stable », soulignent Léa Bounhoure et Mickaël Pourcelot, d’Agrosolutions, cabinet d’expertise-conseil, auteurs de l’étude issue des travaux du comité stratégique de filière biogaz. Cette résilience au stress économique provient de la flexibilité permise par la méthanisation. « La méthanisation est une voie de valorisation supplémentaire des ressources, notamment des surfaces agricoles disponibles ou des coproduits extérieurs, qui peut compenser d’autres voies de valorisation (cultures, élevage) lorsque ces dernières sont moins rémunératrices, précisent les auteurs. Par ailleurs, dans le contexte de tarif d’achat du biogaz et de l’électricité, les produits générés par la vente de l’énergie permettent de bien amortir l’augmentation du tarif des intrants des cultures. Enfin, la méthanisation offre un engrais, le digestat, qui permet de s’affranchir un peu de la variation du prix des engrais. »
Mais outre le stress économique, modéliser d’autres stress, comme un stress climatique (baisse des rendements, difficultés à implanter des Cive), serait pertinent, selon Léa Bounhoure et Mickaël Pourcelot.

(1) « Impact de la méthanisation sur la résilience des exploitations agricoles », Nouveaux Systèmes énergétiques, août 2022.

Une enquête qualitative et quantitative

Une analyse bibliographique a permis de définir des indicateurs évalués de manière qualitative grâce à une enquête en ligne auprès de 55 agriculteurs méthaniseurs, puis de manière quantitative avec les modélisations de cas d’étude avec l’outil PerfAgroP3. Un système « polyculture » avec un méthaniseur en injection, et un système « polyculture-élevage » avec un méthaniseur en cogénération ont été analysés. Afin de suivre l’évolution de la résilience, les auteurs proposent de réitérer cette enquête dans quelques années. Ils proposent également d’étendre l’analyse des impacts de la méthanisation à la résilience des territoires, et non pas uniquement à celle des exploitations.

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