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Méthanisation agricole : comment sauver la cogénération ?

L’Association des agriculteurs méthaniseurs de France et France Gaz Renouvelables appellent à des mesures d’urgence pour maintenir la filière de la cogénération, notamment face à une hausse des coûts de production.

PAR AUDE FABRE - JUIN 2024
Selon l’AAMF, 170 sites de méthanisation en cogénération sont menacés. ©Aude Fabre

Une délibération de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), parue le 25 mars 2024, mentionne une hausse significative de 33 % des coûts d’exploitation des unités de méthanisation en cogénération entre 2021 et 2023. Cette inflation touche tous les aspects des coûts opérationnels, incluant la maintenance, la consommation électrique et les intrants. Le coût de la consommation électrique a grimpé de manière spectaculaire de 92 % sur la période. Les investissements ont eux aussi significativement augmenté.

La CRE recommande ainsi une révision des conditions tarifaires de tous les contrats de cogénération pour refléter les coûts réels de production d’électricité. L’Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF) et France Gaz Renouvelables (FGR) ont salué cette initiative dans un communiqué commun, mais « exhortent à des mesures d’urgence pour soutenir les exploitations confrontées à des difficultés extrêmes ».

Mesures d’urgence, de moyen et long termes

Adeline Canac, membre du bureau de l’AAMF, éleveuse de brebis et à la tête d’un méthaniseur en cogénération à Durenque, dans l’Aveyron, précise les trois types de mesures que l’association réclame au gouvernement. « En urgence, nous demandons au ministère de l’Agriculture de soutenir les unités de méthanisation en cogénération qui utilisent des effluents d’élevage par une hausse du tarif de 1 €/kWh produit. Nous souhaitons également que le coefficient J, qui prend en compte l’inflation de 2022 et 2023, dans le calcul du tarif d’achat de l’électricité, soit mis en place pour les contrats signés depuis 2017. » À moyen terme, dans un délai de six mois à un an, l’éleveuse demande la possibilité de « sortir des contrats de cogénération sans pénalités » pour passer à un contrat en injection.

À plus long terme, l’AAMF travaille avec la CRE et la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) pour faire appliquer les recommandations de la CRE : réviser le coefficient L (qui intègre les variations des coûts de production) dans le calcul du tarif d’achat de l’électricité « qui n’est pas adapté à la cogénération ni même à l’agriculture. Nous demandons qu’il se rapproche du coefficient L utilisé pour le biométhane ». Enfin, sur les contrats de type BG 16*, la formule de calcul du tarif d’achat doit être revue. « Ce contrat a été trop vite fait en 2020 et les indices ont été mal choisis et certains carrément oubliés, relève Adeline Canac. Nous travaillons à une nouvelle formule de calcul du tarif d’achat de l’électricité. »

170 sites menacés

« Depuis 18 mois, nous alertons sur l’insoutenabilité des contrats de cogénération actuels, souligne Jean-François Delaitre, président de l’AAMF. Nous avons besoin, dans l’attente de l’entrée en vigueur de ce nouveau tarif, de mesures d’urgence pour éviter la fermeture de nombreuses installations de méthanisation. Nous estimons que 170 sites sont aujourd’hui menacés. Sans action immédiate, la transition énergétique et l’avenir de nos agriculteurs sont compromis. » Adeline Canac rappelle que « lorsque les unités de méthanisation fonctionnent bien, cela peut apporter de la résilience aux exploitations, mais dans le cas contraire, cela peut amener à la faillite. »

 

* Contrats biogaz d’obligation d’achat pour l’électricité d’installations neuves de puissance électrique inférieure à 500 kW avec des conditions d’achat définies dans l’arrêté du 13 décembre 2016, modifié en décembre 2023.

La filière en chiffres

Au 31 décembre 2023, 1 065 installations produisant de l’électricité à partir de biogaz sont raccordées au réseau : 875 méthaniseurs, 161 installations de stockage des déchets et 29 stations d’épuration.

La production d’électricité à partir de biogaz s’élève à 3 TWh en 2023. 108 projets sont en cours d’instruction. Ils correspondent à une puissance de 36 MW.

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