Le tour de la question

Méthanisation des biodéchets : une première unité en Ile-de-France

Basée à Moret-Loing-et-Orvanne, l’unité de méthanisation Équimeth valorise des déchets agroalimentaires, des déchets de restauration ainsi que du fumier équin et des coproduits agricoles. Les agriculteurs partenaires récupèrent de leur côté des engrais et des fertilisants organiques de haute qualité. Le biogaz produit est injecté sous forme de biométhane dans le réseau.

PAR ARNAUD WYART - AVRIL 2022
En service depuis un an, l’unité traite 25 000 tonnes de déchets par an, pour une production de 25 GWh, équivalent à la consommation de 4 000 foyers. ©SunMade

Initié en 2008 par des étudiants de l’école des Mines et de la réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais, le projet Équimeth a connu de nombreux rebondissements avant de voir le jour. D’abord porté par la société d’ingénierie Naskeo (Groupe Keon) jusqu’en 2016, le projet devait être cédé à une autre entreprise en 2015, pendant son développement. Comme son nom l’indique, Équimeth était en effet destiné principalement à la valorisation du fumier équin, mais le modèle économique n’a jamais pu convaincre les investisseurs. Dans l’impasse, le projet a finalement redémarré en 2017, lorsque CVE Biogaz et Île-de-France Énergies en ont repris les rennes. « Il existe de nombreux freins techniques à la mobilisation du fumier équin, comme le taux de matière sèche important qui nécessite une forte dilution pour son hygiénisation, le broyage des pailles… Lorsque nous avons repris le projet, celui-ci était prêt à être construit mais pas financé. Il nous fallait sécuriser d’autres matières à valoriser et repenser entièrement le modèle économique. Étant donné la proximité avec Paris, les biodéchets nous semblaient être une voie intéressante. De nombreuses collectes étaient déjà en cours à l’époque et nous savions que ce flux allait monter en puissance. D’ailleurs, la loi Agec impose désormais, à l’horizon 2024, à tout producteur de déchets de trier les biodéchets à la source afin de les valoriser en compostage ou en méthanisation. Cette obligation sera étendue aux particuliers en 2024 », explique Arnaud Bossis, directeur général de CVE Biogaz.

25 000 tonnes de biodéchets valorisés par an

Pour rentabiliser et optimiser son fonctionnement, l’unité a été conçue en lien direct avec les déchets organiques produits sur le territoire. Elle traite 50 % de biodéchets provenant d’entreprises (restaurants, cantines, marchés, secteur de la distribution) et issus du tri à la source des particuliers, 25 % de fumier équin et de matières agricoles (via les centres équestres et les coopératives agricoles) et 25 % de déchets agroalimentaires (générés par des entreprises locales). La collecte des biodéchets, elle, est gérée par des sociétés spécialisées. Les flux sont rassemblés sur un site de prétraitement, puis ils passent par une unité de déconditionnement qui isole les matières indésirables (emballages, métaux, etc.). En résulte une soupe organique, valorisée ensuite en méthanisation. En service depuis un an, l’unité traite ainsi 25 000 tonnes de déchets par an, pour une production de 25 GWh, équivalent à la consommation de 4 000 foyers, et elle injecte 250 nM3/h (normo mètre cube par heure) de biométhane dans le réseau. « Nous préférons travailler en circuit court. Cela permet de sécuriser l’approvisionnement. Nous pourrions traiter bien plus d’intrants, mais il faudrait aller les chercher plus loin, ce qui peut présenter un risque et un non-sens environnemental. Aujourd’hui, nous ne rencontrons aucun problème, mais à l’avenir, tout dépendra de notre capacité collective à mobiliser les biodéchets. Si les producteurs, les collecteurs, les services de l’État, les collectivités et les administrés respectent la réglementation, des millions de tonnes de biodéchets pourront être valorisées en France », indique Arnaud Bossis.

Des retombées pour le monde agricole

De leur côté, les agriculteurs partenaires récupèrent le digestat issu de la méthanisation, mais aussi de l’azote, du phosphore et de la potasse. Chaque année, 1 500 hectares vont bénéficier d’engrais et de fertilisants organiques, ce qui représente une économie de 50 % par rapport à l’achat d’engrais d’origine fossile. « Ce digestat permet également de favoriser la vie microbienne et la faune dans les sols. Ils deviennent davantage perméables et se tassent moins. Le système racinaire des plantes se développe donc mieux. En outre, nous passons par un plan d’épandage strictement réglementé et des entreprises de travaux agricoles spécifiques. Nous connaissons la part de digestat qui retourne au sol sur chaque parcelle et les cultures associées. Cela permet d’éviter, par exemple, des excès d’azote sur un sol qui, après une forte pluviométrie, pourraient partir dans les rivières par lessivage », précise Arnaud Bossis.

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