Décryptage

Méthanisation : fort dynamisme en Île-de-France

La région Île-de-France, malgré son image urbaine, ne manque pas d’attraits pour le développement d’unités de méthanisation, y compris agricoles.

PAR AUDE FABRE - AVRIL 2021
Entre 2016 et 2020, le nombre d’unités de méthanisation a presque doublé en Île-de-France. ©Prométha

« L’Île-de-France bénéficie de quatre atouts favorables au développement de la méthanisation, recense Jean-Marie Chaumel, directeur régional adjoint de l’Ademe : sa forte densité de population avec donc un gisement potentiel important de matières à valoriser, une forte densité de réseau de transport et de distribution de gaz, une agriculture très active et adaptée à la production de cultures intermédiaires à vocation énergétique (par sa typologie orientée vers les grandes cultures), et des porteurs de projets d’horizons très divers comme des agriculteurs eux-mêmes, des gestionnaires de déchets, des collectivités… » Ces atouts expliquent la forte progression du nombre de parcs de méthanisation, notamment depuis 2016 (voir graphique). Trente et une unités sont opérationnelles en 2020, surtout en Seine-et-Marne, dans les Yvelines et dans l’Essonne. Une cinquantaine de projets sont à l’étude ou déjà en construction, dont 80 % sont agricoles, ce qui « prouve un fort dynamisme dans la région », estime Jean-Marie Chaumel. En 2024, 80 unités devraient donc potentiellement voir le jour, essentiellement en système d’injection de biométhane dans le réseau.

Unités agricoles en forte progression

Concernant les unités agricoles, il en existe 17 en fonctionnement sur les 31 unités de la région. Sur les 50 projets à venir d’ici 2024, 39 sont agricoles, soit une majorité. 35 sont des projets collectifs agricoles et 38 sont en injection. Sur ces 39 projets dont la production d’énergie primaire sera de 316 GWh, 33 sont situés en Seine-et-Marne, département le plus dynamique. « En termes d’intrants, on note une forte progression du recours aux cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive) pour ces 39 nouveaux projets agricoles, relève Hervé Billet, secrétaire général de la chambre d’agriculture francilienne. Sur les 17 600 t/an d’intrants nécessaires, sont prévus 60 % de Cive (contre 47 % pour les unités déjà installées), 20 % de pulpe de betterave (contre 16 %), 7 % d’effluents d’élevage (contre 17 %). Le reste se répartit entre issues de silo, déchets végétaux et industriels, et autres.

De nombreux avantages incitent les agriculteurs à se lancer : diversification et pérennisation des exploitations, participation à la transition énergétique, réduction de la dépendance aux intrants chimiques et aux énergies fossiles par la valorisation du digestat, valorisation des cultures non alimentaires, dynamisation de la vie des sols… « Mais certains points alertent la profession, souligne Hervé Billet, la rentabilité des projets remise en cause par les nouveaux tarifs d’achat, la révision du système de garantie d’origine ou le blocage de certains permis de construire à cause d’une insertion paysagère insuffisante… »

La technologie en soutien du développement

Selon Pascal Hainaut, adjoint au délégué territorial Val-de-Seine chez GRTGaz et Véronique Bel, directrice territoriale chez GRDF, le gisement en Île-de-France est estimé à 6 TWh en 2050. Pour permettre le développement des projets, « la technologie du rebours est mise en place dans plusieurs secteurs : Mareuil-lès-Meaux (Seine-et-Marne) en 2020, Marchémoret (Seine-et-Marne) en 2021, Étampes (Essonne) en 2023 ». Celle-ci consiste à comprimer le biométhane non consommé sur un réseau de distribution pour l’injecter vers le réseau de pression supérieure. Le rebours permet ainsi le renvoi du gaz vers une zone de consommation plus éloignée, ce qui permet aux producteurs de biométhane d’injecter la totalité de leur production toute l’année.

« Pour aller vers 100 % de gaz vert, plusieurs techniques sont envisagées : la méthanisation, la pyrogazéification à horizon 2025, la méthanation à horizon 2027, et la gazéification hydrothermale à horizon 2030 », estime Pascal Hainaut. La pyrogazéification est le traitement des déchets solides tels que plastiques, pneus usagés… qui permet de produire du méthane et de l’hydrogène. La méthanation synthétise de l’hydrogène avec du CO₂ pour produire du méthane et de l’eau. La gazéification hydrothermale est quant à elle un traitement adapté aux déchets liquides tels que les boues de stations d’épuration et les digestats. Ce procédé permet de produire de l’hydrogène et du méthane.

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